La presqu’île sauvage : une Bretagne authentique et peu connue
Dans le nord de la Bretagne, entre Paimpol et Perros-Guirec, entre la côte du Goëlo et la côte de Granit Rose, la presqu’île de Lézardrieux, ou presqu’île sauvage, séduit les amoureux de calme et de nature intacte. Ici, peu d’équipement touristique et peu de plages de sable fin. Un bout de monde voué à la culture maraichère et une côte déchiquetée et rocheuse, aux innombrables criques, îlots et ports minuscules . Sans oublier, la curiosité naturelle du coin : le sillon Talbert.
L’Armor Pleubian, juillet 2021. C’est la quatrième fois que nous revenons dans ce coin de Bretagne que nous apprécions particulièrement. Cette fois, c’est l’été. C’est du moins ce que le calendrier veut nous faire croire. Mais cette année la météo est particulièrement capricieuse et fraîche. À tel point que nous avons eu moins de soleil que d’autres années à Pâques ou même au Nouvel An ! Le monde à l’envers.
La presqu’île de Lézardrieux, une nature préservée
Entre Lézardrieux et Tréguier, les estuaires du Trieux et du Jaudy dessinent une presqu’île qui se termine par un étrange cordon de galets, le sillon Talbert, point le plus septentrional de Bretagne.
Nous avons découvert ce coin des côtes d’Armor pour la première fois en 2008, avec nos enfants. Le charme a si bien opéré que nous y sommes retournés à plusieurs reprises.
Ici, on trouve de nombreux gîtes disséminés dans la campagne, jamais très loin de la mer. L’environnement y est paisible et propice aux balades à pied ou à vélo. Tout ce que nous aimons !
C’est au gîte Les Goélands, une perle avec vue sur le sillon Talbert et le phare des Héaux, que nous avons élu domicile pour quelques jours. Une belle maison bretonne, spacieuse et confortable, 3 chambres, un grand jardin et tout ce qu’il faut pour passer une semaine agréable en famille, quel que soit le temps ! Deux vélos sont mis à disposition. Idéal pour sillonner les environs, aller chercher le pain le matin ou se lancer dans la boucle vélo de 16 km pour découvrir la presqu’île côté mer.
Le Sillon Talbert, le point le plus au nord de la Bretagne
Imaginez une flèche qui s’avance crânement dans la mer. Longue de 3,2 km et large de 100 m maximum, cette curiosité géomorphologique est constituée d’un mélange de sable, de gravier et de galets, dont le tracé est régulièrement modifié par les grandes marées.
Se promener sur le sillon est une expérience unique. À marée basse, le cordon de galet vous emmène loin, très loin, (presque) jusqu’aux îlots qui faisaient jadis partie intégrante du sillon. Mais attention à ne pas se laisser piéger par les courants lorsque la marée remonte ! Mieux vaut tenir compte de l’heure des marées (et lire l’avis placardé à l’entrée du sillon).
À marée haute, plus vous avancerez sur le sillon, plus vous aurez l’impression de vous enfoncer dans la mer, seul au monde, loin de tout … surtout en hiver quand les promeneurs sont rares.
Le sentier commence, mine de rien, par une sente sableuse entourée d’une végétation dunaire typique.
Quelque 500m plus loin, le décor change. D’abord parce qu’un grande marée a créé une brèche dans le sillon en 2018, à tel point qu’on n’accède plus à la suite du sillon qu’à marée basse en traversant à gué … C’est ce que nous avons découvert cet été !
Le maire de Pleubian s’inquiète et interpelle les gestionnaires du littoral car cette brèche s’agrandit d’année en année. Il estime urgent de prendre action car c’est tout l’écosystème de la réserve naturelle qui risque d’être mis à mal par les marées (sans parler des habitations qui pourraient également en pâtir). Mais c’est aussi un enjeu économique puisque le sillon attire 100.000 visiteurs par an … Toutefois, la solution n’est pas simple car les enrochements effectuées par le passé et censés stabiliser le sillon sont probablement l’une des causes de sa fragilisation.
À partir de ce gué, le décor devient plus minéral. Les plantations se font rares, du moins sur le versant mer et le cheminement sur les galets demande un peu plus d’effort. Mais qu’à cela ne tienne, le spectacle en vaut largement la chandelle.
Une vidéo de Claude Le Quellec, réalisée en 2019, rend bien compte de la magie de ce site insolite.
Au large des côtes et du sillon, le phare des Héaux, construit en 1839, balise l’entrée du chenal du Trieux. Nous l’aurons en point de mire tout au long de notre séjour.
Promenades au fil du GR 34
Dans la presqu’île sauvage, suivre le GR34, c’est parcourir 37 km de côtes ciselées, de Lézardrieux jusqu’à Tréguier. C’est une rando dépaysante aux panoramas somptueux : de l’archipel de Bréhat jusqu’à l’île d’Er, de l’estuaire du Trieux jusqu’à celui du Jaudy.
J’avais déjà évoqué certaines portions de ce GR34 dans un précédent reportage, le GR34 à Kerbors. Cette fois, ce sont d’autres tronçons, entre Kermagen et le Québo ou encore vers la pointe de Penn Lann que nous allons découvrir.
Le circuit des phares
Une boucle de 13 km vous fera découvrir les phares et les feux de la presqu’île.
Cette fois nous tournons le dos au sillon Talbert et nous empruntons le GR34 en direction de Kermagen. Le GR34 longe la côte rocheuse et serpente à travers landes et fougères.
Un conseil, prenez le temps de grimper jusqu’aux ruines de l’ancien sémaphore de Creac’h Maoût. Vous serez récompensé par une vue imprenable sur Bréhat, le phare des Héaux, le sillon Talbert et toute cette partie de la côte.
En poursuivant le chemin côtier nous repérons de loin, le « phare » de Port La Chaîne. Il a l’apparence d’une maison ordinaire tout blanche, hormis son gyrophare rouge. Il s’agit en fait d’un feu fixe.
Une autre feu similaire, en retrait du littoral, le feu de Saint-Antoine ou du Grisot, constitue avec le feu de Port La Chaîne l’alignement permettant aux bateaux de se repérer la nuit pour accéder à l’embouchure du Jaudy.
Le tour de l’Armor
De l’Armor Pleubian à la pointe de Penn Lann, une boucle de 9 km dévoile des paysages splendides et sensiblement différents à marée haute et à marée basse.
Comme d’habitude, nous prenons la boucle à contresens. Nous démarrons dans le quartier de Run Traou où nous logeons, puis nous longeons la réserve naturelle du sillon Talbert en direction de la pointe de Penn Vir.
Une centaine d’espèces végétales constitue la flore de la Réserve naturelle, parmi lesquelles trois sont protégées : la renouée de Ray, le chardon bleu et le chou marin.
Plus loin, malgré cet été frisquet, quelques baigneurs profitent d’une éclaircie pour se baigner sur la plage que longe le chemin du sillon noir. Brr … l’eau ne doit pas être très chaude !
Au loin, des nuages sombres s’amoncèlent et une zone de pluie progresse à toute vitesse tandis que le soleil brille derrière nous. De cet étranger chassé-croisé naît un double arc-en-ciel, particulièrement lumineux, qui s’inscrit au-dessus du sillon noir. La photo traduit mal la magie de cet instant.
À la pointe de Penn Lan, le chemin contourne le CEVA (Centre d’Etude et de Valorisation des Algues) qui nous rappelle l’importance des algues dans cette région.
Entre Bréhat et le Sillon du Talbert, les fonds constituent un véritable vivier d’algues. Plus de 700 espèces.
Si, autrefois, on en extrayait la soude et l’iode en les brûlant, aujourd’hui le CEVA analyse leurs propriétés et étudie de nouvelles manières de les valoriser.
On passe au large d’un ancien quai de déchargement du goémon qui alimentait jadis l’usine d’algues.
Puis, chemin faisant, nous découvrons un étrange îlot, l’île Hadren, niché au cœur de ce que certains appellent la « Petite Camargue » caractérisée par des incursions d’eau dans des prés salés. Un ensemble de fermes y vivaient jadis à la fois de la mer et de la terre.
Le chemin nous ramène ensuite par les petites routes à travers le quartier de Lanéros jusqu’à l’Armor. L’ambiance y est paisible et fleurie.
Au fil des années, nous avons donc parcouru le mythique GR34 par petites touches, sans jamais nous lasser. Bercés par le bruit des vagues, les cheveux au vent, le regard perdu au large. Rien de tel pour libérer les pensées et l’esprit. Et le cœur chante et s’émerveille devant tant de beauté.
Une autre vidéo réalisée par Claude Le Quellec en 2020 rend hommage au GR34 et à ses paysages enchanteurs.
Quelques excursions dans les alentours
Au fil de nos séjours à l’Armor Pleubian, nous sommes bien sûr partis à la découverte des environs. Dans un rayon de moins de 50 km, voici quelques excursions qui méritent d’y consacrer une journée ou quelques heures :
Excursions d’une après-midi
- Tréguier, cité médiévale (cathédrale Saint Tugdual, musée Ernest-Renan)
- Le château de La Roche Jagu et son parc
- La chapelle Kermaria an Iskuit à Plouha
Excursions d’une journée
- Paimpol et ses environs
- Plougrescant et la côte des Ajoncs
- La côte de Granit rose
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