Plougrescant et la côte des Ajoncs
À la pointe de la presqu’île de Plougrescant, la terre s’avance vers la mer dans une mosaïque de champs, de landes et de hameaux traversés de chemins et de petites routes sinueuses. D’un côté, Perros Girec et la côte de Granit Rose, avec au loin le chapelet des Sept Îles ; de l’autre, le Sillon Talbert, Paimpol et l’Ile de Bréhat.
Moins connue que la côte de Granit Rose, sa voisine, la Côte des Ajoncs, se fait tour à tour sauvage, rocheuse, déchiquetée ou encore douce, ronde et protectrice ; une pointe préservée des hordes de touristes, où il fait manifestement bon vivre et où s’abritent oiseaux et petits bateaux de passage.
Cette côte déchiquetée doit son nom aux buissons épineux qui la recouvrent. Très résistants au vent et aux embruns, les ajoncs se retrouvent un peu partout le long du littoral atlantique. Ils protègent les sols pauvres de l’érosion et créent, grâce à la densité de leurs buissons épineux, des barrières naturelles quasi infranchissables.
La presqu’île tout entière semble avoir un penchant pour les formes fantaisistes. Les pins du bord de mer se penchent à l’horizontale, les maisons s’adossent aux rochers, jusqu’à la flèche en plomb de la chapelle Saint-Gonéry, curieusement inclinée, comme luttant contre les intempéries.
Comme l’indique le site des Amis de la Chapelle:
Cette chapelle classée des XII et XVe siècles attire le regard par sa flèche penchée, son vaste enclos paroissial, sa chaire à prêcher et son if multicentenaire.
A l’intérieur, elle révèle ses richesses, entre autres, une Vierge à l’Enfant en albâtre et une crédence remarquablement sculptée, toutes deux du XVIe siècle, mais surtout des peintures naïves, fin du XVe siècle, représentant des scènes de l’Ancien et du Nouveau Testament, réalisées sur la voûte de la nef.
Toutefois, ses richesses intérieures ne sont visibles que sur demande. Nous nous contenterons d’en faire le tour !
Balade au pays des tors
L’office du tourisme local a créé un sentier d’interprétation de 6km, jalonné de 16 arrêts amplement documentés dans une plaquette qui ravira petits et grands.
Tout au bout de la presqu’île, cette balade emprunte une portion du GR34 qui passe par le site du gouffre de Plougrescant et par la pointe du Château. Là, un fantastique panorama à 360° permet de balayer l’horizon du phare des Héaux jusqu’au chapelet des Sept Îles au large de Perros Guirec.
Chemin faisant, nous découvrons plusieurs « tors », ces sentinelles minérales, dressées le long de la côte rocheuse. Le nom emprunté à la géomorphologie évoque les chaos granitiques typiques des côtes bretonnes, en équilibre parfois précaire, nés du travail de sape des marées.
Le gouffre de Castel Meur s’est, lui aussi, formé progressivement sous l’action des houles et des courants de dérive. À découvrir surtout par fortes marées, c’est un exemple parfait de la rencontre mouvementée entre les roches et la mer. Pourtant, aujourd’hui, tout cela semble bien inoffensif !
À quelques pas de là, la petite maison de Castel Meur est probablement la maison la plus célèbre et la plus photographiée de Bretagne. À tel point que ses propriétaires ont intenté un procès à l’office du tourisme local pour que leur maison n’apparaisse plus sur les prospectus officiels et les cartes postales officielles, afin de se préserver des nuisances provoquées par la curiosité intempestive de certains touristes peu scrupuleux.
Coincée entre deux énorme blocs de granit, la maison tourne le dos à la mer depuis 1861. Protégée des vents violents qui soufflent lors des tempêtes, fréquentes à cet endroit, elle a été construite à une époque où les permis de bâtir n’existaient pas, où chacun pouvait construire à sa guise et laisser libre cours à sa fantaisie. Habiter là … c’est, selon les points de vue (et les moments probablement), un rêve ou un cauchemar !
Nous poursuivons le chemin qui longe grèves et pinèdes pour aboutir à la pointe du Chateau, d’où le regard s’évade vers les innombrables îlots rocheux qui affleurent dans l’estuaire du Jaudy.
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