Kerbors dans les côtes d’Armor : des légumes, des îles et le GR34

Kerbors et la presqu’île sauvage sont des lieux magiques où je reviens avec plaisir depuis plusieurs années. Quels que soit le temps et la saison, c’est le paradis des marcheurs et des amoureux de nature.

Nouvel An 2020. En ce début d’année je vous emmène à la découverte du GR34 autour de Kerbors, un petit village des Côtes d’Armor. Une région préservée du tourisme de masse. La campagne maraîchère y flirte en permanence avec la mer et les côtes y dévoilent leurs estrans chaotiques à chaque tournant du chemin.

Kerbors

Kerbors, un petit village sans prétention, sur la rive Est de l’estuaire du Jaudy, à moins de 50 km de Saint Brieux. Quelques maisons traditionnelles se serrent autour de l’église et de la mairie mais la majeure partie des habitations sont disséminées sur les 6,8 km² de la commune. Et les locaux (314 Kerborziens recensés en 2016) sont probablement moins nombreux que les touristes … L’exode rural est passé par ici puisque la population décroit d’année en année (ils étaient trois fois plus nombreux à la fin du XIXème siècle).

La commune abrite un site remarquable, l’allée couverte de Men-ar-Rompet, qui témoigne d’une présence humaine très ancienne.

Le riche patrimoine archéologique de la commune atteste d’une occupation ancienne du littoral, depuis le Néolithique secondaire et l’Âge du Fer : allée couverte et cromlec’h de Men-ar-Romped, pêcherie de Enez Corvec.

La Bretagne légumière

Ici, à Kerbors, ce n’est pas la pêche qui fait vivre les habitants mais plutôt le maraîchage. Près de notre gîte, les champs d’artichauts et de choux-fleurs plongent vers la mer. C’est que la Bretagne légumière, vantée par les affiches au bord de la départementale qui nous a amenée jusqu’ici, profite de la qualité des sols (limons fins filtrants et riches) et de la douceur du climat (la température descend rarement sous 0°C). C’est d’ailleurs le premier secteur économique de la région.

Le paysage est dessiné par ces immenses champs, bordés de talus d’arbres, de genêts ou d’ajoncs, qui descendent presque jusqu’au bord de l’eau.

Malgré la douceur relative pour la saison, je constate lors de ma promenade matinale que les champs ont revêtu leur robe d’hiver. Les feuilles de choux givrées sont magnifiques. J’aime à penser que les choux-fleurs sont bien protégés dans leur cocon de feuille. D’ailleurs le seul que j’ai aperçu sur un champ avait dû être oublié lors d’une récente récolte.

Tourisme rural

Pour compléter cette activité maraîchère traditionnelle, de très nombreux fermiers louent des gîtes. Ce sont le plus souvent d’anciens corps d’habitation rénovés, disséminés sur toute la commune. Ils sont les témoins d’une offre touristique assumée et croissante. C’est que les vacanciers en quête d’authenticité et de sérénité augmentent chaque année. Et ici, ils sont gâtés !

Une assiette 100% naturelle, des légumes frais souvent offerts par les hôtes et des kilomètres de randonnées entre mer et campagne. De quoi se refaire une santé, vite fait !

L’île à poule, un îlot aux mille visages

Drôle de nom pour une île … Il semblerait qu’il soit dû à une erreur de traduction du breton « enez poull » : enez = île et poull = mare / étang. Ce qui correspondrait mieux à la topographie. Pourtant le nom breton actuel de cet îlot est Enez Yar, allez comprendre …

Le gîte où nous avons élu domicile pour la première semaine de 2020 jouit d’une vue panoramique sur l’île-à-Poule, l’estuaire du Jaudy et l’île d’Er au loin. Cet ensemble qui se couvre et se découvre au gré des marées offre un spectacle permanent et changeant.

Le petit îlot de l’île-à-Poule situé à l’avant-plan est relié à la pointe du littoral pendant la moitié de la marée. Il présente des traces souterraines d’un ancien atelier de briquetage, datant de l’Age du Fer, au niveau de l’extrémité qui la relie à la terre ferme.

Sur la petite plage de l’île à Poule, signalée depuis l’église de Kerbors, il reste à marée haute juste assez de sable pour s’y promener (sans toutefois pouvoir accéder directement à l’îlot) alors qu’à marée basse la plage et l’estran deviennent le paradis des chasseurs de crabes et de coquillages.

L’île d’Er : fascinante et … à vendre !

Au loin, on devine les contours de l’île d’Er. Il s’agit en fait non pas d’une île mais d’un archipel qui se compose de minuscules îles : l’île Verte, la Petite île (Enez Vihan), la grande île (Enez Terc’h), le Corbeau, etc.

C’est la Grande île (Enez Terc’h) qui est la plus intéressante. Quand on l’observe à la jumelle, on y distingue des bâtiments de ferme. Mais plus personne n’y habite. Et seuls quelques initiés s’y aventurent tant l’accès en est confidentiel. L’île est d’ailleurs privée et … à vendre. Avis aux amateurs et aux rêveurs ! Mais si elle vous intéresse, il vous faudra débourser pas moins de 2,4 millions d’Euros pour en devenir propriétaire !

La Petite île par contre est publique.

L’histoire de ces îles en apparence insignifiantes est plutôt mouvementée. Jugez donc !

On retrouve les traces d’un prieuré Saint-Symphorien, fondé en 1058. Il sera sécularisé en 1630.

La Grande île fut cultivée depuis plusieurs siècles et plus intensivement au cours du 19ème siècle et de la première moitié du 20ème siècle par des fermiers-goémoniers qui se sont succédé sur l’île. Les traces de deux fours à goémon témoignent de leur présence.

Ensuite, au cours de la seconde moitié du 20ème siècle, l’île accueillera différents essais d’aquaculture, dont les palourdes. Un barrage, constitué de gros blocs reliant les deux îles sur une centaine de mètres, témoigne de cette pêcherie.

Enfin, en 1967, lors du naufrage du Torrey Canyon, on y crée des fosses pour stocker les déchets mazoutés issus de la marée noire. D’autres fosses seront ajoutées après le naufrage de l’Amoco Cadiz en 1978 et du Tanio en 1980. Ces déchets ont ensuite été oubliés là jusqu’en août 2008. A cette époque, l’association écologiste Robin des Bois dépose une plainte visant à vidanger les fosses. En 2011 une opération de vidange est organisée par l’Etat.

Le GR34 de Kerbors à Kermagen

Ici comme partout en Bretagne, le mythique GR34 serpente au plus près de la mer. Il épouse les tours et détours de la côte de la presqu’île sauvage, de l’embouchure du Jaudy (près de Tréguier) jusqu’à celle du Trieux (près de Lézardrieux).

Chemin faisant, plusieurs lieux méritent quelques minutes d’arrêt et une explication.

Men-ar-Rompet

L’allée couverte de Men-ar-Rompet (appelée aussi « pierre des druides ») date de l’âge de la pierre polie. Des fouilles effectuées en 1957-58 ont permis d’y découvrir une quarantaine de vases de l’époque.

Plus loin, vers Port-Béni, des roches granitiques affleurent. Elles comptent parmi les plus vieilles de France (1,7 milliard d’années).

Port-Béni

Ce minuscule petit port « béni » aurait vu débarquer Saint-Maudez au VIème siècle (venu de Grande Bretagne).

Aujourd’hui, seules quelques rares embarcations attendent des jours meilleurs pour larguer les amarres (Dieu sait quand). On peine donc à imaginer que Port-Béni accueillit à la fin XIXème siècle près de 158 navires débarquant plus de 2000 tonneaux de marchandise.

De toute cette effervescence, seuls subsistent à l’heure actuelle, une poignée de maisons, un parking et un débarcadère plutôt confidentiel.

Saint Laurent

Nous poursuivons notre chemin le long de la mer. A hauteur du quartier Saint Laurent, nous arrivons à l’une des extrémités d’une longue plage en forme de croissant. Galets plus que sable, comme la plupart des plages par ici.

Avant de continuer, nous profitons de quelques bancs bien situés pour faire une courte pause et admirer l’étendue du paysage. A marée basse, l’estran est immense.

Kermagen

Selon votre humeur ou votre courage, vous pourrez poursuivre au-delà de Brestan vers la plage de Kermagen ou choisir de suivre l’itinéraire du PR dont la boucle revient par l’intérieur des terres jusqu’à votre point de départ à Kerbors en passant par la chapelle de Brestan. (voir ci-dessous le lien vers le PDF à télécharger).

Quant à nous, nous avons préféré rebrousser chemin sur le sentier côtier. Car dans un sens ou dans l’autre, ce ne sont pas tout à fait les mêmes points de vue … et puis nous aimons rester au plus près de la mer 😉

Aspects pratiques

Quelques conseils pour un séjour dans la région.

Logements

Vous trouverez de très nombreux gîtes de France dans la région. J’en ai testé et validé 3, dont deux à Kerbors et un tout près du sillon Talbert.

Tous ces gîtes sont idéalement situés à deux pas de la mer, très calmes, propres et de bon confort.

Commerces

Tous les commerces utiles se trouvent à Pleubian : boulanger, boucher, poissonnier ainsi qu’un Carrefour Express et un Super U. Et vous trouverez bien sûr des cafés et des restaurants si vous avez la flemme de cuisiner ^^ .

Randonnées

Le site de la presqu’île de Lézardrieux, propose de télécharger gratuitement des boucles de randonnées de la Presqu’île.

  • boucle de Brestan à Port-Béni – 15 km (pédestre)
  • boucle du Jaudy – 15 km et variante de 7 km (pédestre, cycliste)

Sur le site visugpx vous trouverez la trace GPX d’une boucle de 18 km au départ de Kerbors.

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