Court séjour à Heidelberg : les incontournables et plus…
Souvent citée comme l’une des villes les plus romantiques d’Allemagne, Heidelberg, mondialement connue pour son université, évoque avant tout pour moi des souvenirs estudiantins, car j’y ai suivi un cours de littérature allemande durant l’été 1976. Je redécouvre aujourd’hui avec grand plaisir cette ville au riche passé.
Plus de 45 ans plus tard, j’avoue que mes souvenirs se sont bien effilochés. Seules restent de vagues impressions : promenades sur le chemin des philosophes, dédale des bâtiments universitaires, immeubles massifs et mornes du quartier Handschuhsheim où j’avais loué une chambre chez l’habitant et … l’incontournable carte postale du Vieux Pont dominé par l’imposant château en grès rouge.
Septembre 2022. Cette fois, je ne resterai que 3 nuits à Heidelberg. Juste le temps de revisiter les incontournables et de prolonger le plaisir par une petite excursion dans la vallée du Neckar. Et je vous invite à me suivre …
Ce qu’il faut savoir sur Heidelberg
- Avec 160.000 habitants, Heidelberg est une ville à taille humaine que l’on visite à pied.
- Un habitant sur cinq est étudiant. C’est vraiment une ville universitaire et cela se sent.
- La Ruperto Carola fondée en 1386 est la plus ancienne université d’Allemagne.
- Du 14e siècle à 1720, Heidelberg était la capitale du Palatinat électoral.
- En 1518, Martin Luther y a tenu sa « Dispute de Heidelberg« , qui a joué un rôle important dans la propagation de la Réforme.
- Heidelberg est l’une des rares grandes villes allemandes presque intacte à la fin de la Seconde Guerre mondiale.
- Près de 12 millions de visiteurs s’y rendent chaque année, et 1 million visite le château.
- C’est la ville qui a le plus inspiré les romantiques allemands du 19e siècle. Et c’était une destination incontournable pour les touristes européens à l’époque du Grand Tour.
- Depuis 2014, Heidelberg a été nommée Ville de la littérature par l’Unesco. Rien d’étonnant puisque c’est le lieu de vie d’environ 200 écrivains et d’un grand nombre d’éditeurs, librairies, antiquaires et traducteurs. De plus, la ville est engagée dans divers projets liés « au texte, au langage et à la philosophie ».
- Des festivités s’y succèdent toute l’année : bal des vampires en février, festival de printemps (musique), festival de la vieille ville en septembre (musique, livre, artisanat), festival Enjoy Jazz et bien sûr le marché de Noël en décembre.
Heidelberg au bord du Neckar
Heidelberg se situe sur le cours inférieur du Neckar, avant qu’il ne se jette dans le Rhin.
Die alte Brücke (le vieux pont)
Première carte postale des lieux : le pont Karl Theodor, plus connu sous le nom de « Vieux Pont » (Alte Brücke), qui enjambe le Neckar à deux pas du cœur historique de Heidelberg.
Depuis ce joli pont en arc de 180 mètres de long, superbe vue sur la vieille ville, dominée par l’imposant château. La vue a d’ailleurs inspiré le peintre anglais William Turner.
Construit en grès rouge (comme tous les édifices majeurs de la cité) entre 1786 et 1788, le vieux pont a été dynamité sur ordre des nazis peu avant la fin de la guerre, puis reconstruit à l’identique en 1947.
Clin d’œil : Ne manquez pas sur le pont le petit singe qui symbolise depuis le 15ᵉ siècle, le fait que les habitants de la ville ne sont pas meilleurs que ceux qui habitent de l’autre côté du pont.
La version actuelle en bronze date de 1979. On peut même y passer la tête …
Schloß Heidelberg : l’imposant château rouge qui domine la ville
Deuxième carte postale : le château rouge dont l’imposante silhouette se découpe admirablement sur le fond boisé environnant. Mêlant les styles gothique et Renaissance, les ruines grandioses du château de Heidelberg inspirèrent les romantiques allemands, tels les poètes Goethe et Schiller.
Mentionné pour la première fois en 1196, le château a traversé des guerres, des incendies et a été frappé deux fois par la foudre. Au cours des 800 dernières années, il a été agrandi, détruit et endommagé à tel point que dans les années 1700, les habitants de la ville utilisaient la pierre dont il était fait pour construire leurs maisons. En 1890, des travaux ont été effectués pour préserver le bâtiment principal plutôt que de le restaurer.
Ce qu’il en reste aujourd’hui est principalement l’enveloppe extérieure, et quelques bâtiments représentatifs des différentes époques et styles architecturaux qu’il a traversé : tours féodales, aile des Dames et Bibliothèque gothiques, aile Renaissance d’Othon-Henri ou encore aile anglaise baroque.
Monter au château en funiculaire
Pour accéder au château, le plus simple est de prendre le funiculaire, derrière le Kornmarkt. Il vous emmènera même jusqu’au sommet de la colline si vous le souhaitez.
Un billet aller-retour jusqu’à l’arrêt du château comprend l’entrée au parc et aux extérieurs, ainsi que la visite du Grand Tonneau et du Musée de la Pharmacie. La visite de l’intérieur du château n’est possible qu’en visite guidée.
Si le cœur vous en dit, un deuxième ticket vous donnera accès à un second funiculaire qui grimpe jusqu’au sommet du Königstuhl, d’où vous aurez une vue panoramique sur la région. C’est aussi le point de départ de nombreuses randonnées.
Extérieur du château de Heidelberg
Même si nous n’abordons que les extérieurs du château, l’ensemble dégage une incroyable impression de puissance. Même en ruine, l’enceinte fortifiée est plus qu’impressionnante !
Le château possédait jadis des douves. Aujourd’hui engazonnées, elles offrent un contraste très photogénique entre le vert tendre des herbes et des arbres et la couleur brique si caractéristique des pierres utilisées pour l’édification du château.
Ici, château et fortifications ne font qu’un : les casemates et les imposantes tours, dont certaines à moitié détruites et laissées en l’état, témoignent du caractère défensif de la résidence.
Bon à savoir : Le prince-électeur Ludwig V transforma le château en une forteresse au cours de la première moitié du XVIe siècle. Outre des tours massives et des murs de défense épais, des casemates furent érigées. Ces coursives voûtées aériennes avaient pour vocation de protéger ses occupants contre les tirs de l’artillerie ennemie. Et les troupes pouvaient se déplacer sans se faire remarquer d’une fortification à l’autre dans l’enceinte du château.
Tout autour du château, différentes terrasses panoramiques offrent de superbes points de vue sur le Neckar, la ville et ses environs. C’est le cas du belvédère Rondell à l’entrée, de la Grande Terrasse (Altan) à l’arrière de l’aile Othon-Henri ou encore de la terrasse de Scheffel dans les jardins au Nord.
Les jardins du château
Depuis la fondation du château au 13ème siècle jusqu’au début du 17ème siècle, il n’y avait guère de place pour un beau jardin en raison des puissantes fortifications avec remparts, tours et casemates.
Ce n’est qu’entre 1616 et 1619 que le prince électeur Frédéric V fit construire le Hortus Palatinus, un jardin baroque devenu célèbre dans toute l’Europe pour les techniques paysagères et horticoles utilisées dans sa conception. À l’époque, il était qualifié de « plus grand jardin Renaissance d’Allemagne ».
Malheureusement il ne fut jamais terminé. Il a ensuite beaucoup souffert pendant la guerre de Trente Ans. Puis, au 18e siècle, une partie des décorations sculptées a été transférée dans les châteaux de Mannheim et de Schwetzingen.
Aujourd’hui, pelouses, buissons et arbres centenaires sont tout ce qui reste de la complexité des jardins Renaissance. Mais la structure en terrasses témoigne des importants travaux consentis au 17e siècle.
Cour intérieure
Il est temps à présent d’examiner cet énorme ensemble de plus près. Pour accéder à l’avant-cour du château, on emprunte un pont fortifié qui enjambe un fossé en partie comblé.
On pénètre alors dans une vaste cour intérieure bordée de bâtiments prestigieux. Une fois de plus, la taille des édifices, leur diversité et leur richesse confèrent à l’ensemble une force incroyable. Aussitôt à droite s’élève la halle gothique du Pavillon du Puits.
En retrait, la Bibliothèque qui abritait la librairie personnelle des princes, leurs collections d’art et leur trésor. À noter la très jolie loggia.
Friedrichsbau
Au fond de la cour, face à l’entrée, l’imposante Aile de Frédéric (Friedrichsbau) construite entre 1601 et 1607 sous le prince électeur Frédéric IV et restaurée en profondeur entre 1890 et 1900.
Sur la façade très richement décorée, la galerie des ancêtres des princes électeurs est représentée comme légitimation du pouvoir princier.
Au rez-de-chaussée se trouve la chapelle du château, qui n’a pas été détruite, et au-dessus, des pièces d’habitation reconstruites. A droite de ce palais s’ouvre un passage voûté qui mène à la Grande Terrasse (Altan).
Le grand tonneau (Grosses Fass)
Sur le côté, on accède à l’une des curiosités de la visite : le Grand Tonneau.
Le premier tonneau géant date de 1591. Il contenait 130.000 litres de vin de la dîme du Palatinat. 120 chênes avaient été abattus pour le construire. En 1664, il fut remplacé par un tonneau encore plus grand d’une capacité de 200 000 litres. Le tonneau actuel contient 219 000 litres de vin. Un escalier mène à une plate-forme située au sommet du tonneau, qui aurait servi de piste de danse.
Aile de la salle des Glaces (Gläsener Saalbau)
Revenons à des choses plus sérieuses … Le bâtiment suivant doit son nom à sa magnifique salle du deuxième étage, autrefois ornée de miroirs vénitiens. On accédait aux étages par la tour d’escalier située sur le côté droit. Notez au passage les arcades de style Renaissance italienne qui relient les deux plus beaux bâtiments du château de Heidelberg.
L’aile d’Othon-Henri
À droite, l’aile d’Othon-Henri (Ottheinrichsbau) est réputée comme le plus beau palais de la Renaissance allemande. De majestueuses sculptures en ornent la façade : anciens héros et empereurs romains incarnant le pouvoir militaire et politique, mais aussi les vertus chrétiennes que tout souverain se devait de posséder. Othon-Henri en personne s’est fait représenter dans le pignon central du portail.
Le musée de la pharmacie
Depuis 1958, le musée allemand de la Pharmacie se situe au sous-sol de l’aile Othon-Henri. Il possède de beaux ensembles de mobiliers et ustensiles apothicaire, des 18e et 19e siècles. Parmi les pièces exposées, on trouve des installations de pharmacie, des chambres d’herbes, une collection de médicaments. Et dans la tour de l’Apothicaire un laboratoire réunissant des appareils anciens.
Circuit piéton dans la vieille ville (Altstadt)
La ville historique de Heidelberg s’étend sur près de deux kilomètres. Elle se caractérise par un plan médiéval avec des ruelles étroites et des bâtiments anciens de style baroque. On en fait sans problème le tour à pied. Comptez 2 à 3h pour découvrir les principaux édifices et prendre un verre à une terrasse pour profiter de l’ambiance.
Contrairement à la plupart des grandes villes allemandes, Heidelberg a été épargnée par les bombardements pendant la Seconde Guerre mondiale. Imprégnez-vous du charme médiéval de la ville. Il est authentique !
Marktplatz (place du marché)
La place du marché est le cœur de la vieille ville, encadrée par l’hôtel de ville et l’église du Saint-Esprit. Au centre se trouve la fontaine d’Hercule (début 18e) qui rappelle les énormes efforts de reconstruction de la ville après sa destruction pendant la guerre de Trente Ans.
Bordée de terrasses et de petites boutiques, la place invite autochtones et touristes à s’arrêter un instant pour savourer l’ambiance des lieux. Il n’est pas rare d’y croiser des mariés et leur joyeux cortège.
En face de l’église du Saint-Esprit, ne manquez pas l’un des plus beaux bâtiments de la place, la maison Zum Ritter, avec sa façade Renaissance richement décorée. Construite en 1592, elle servait au départ de maison d’habitation à une famille de marchands de tissus. Elle fut ensuite transformée en hôtel.
L’Eglise du Saint-Esprit
Construite entre 1398 et 1515 dans ce grès rouge caractéristique de la vallée du Neckar, l’église du Saint-Esprit a une histoire mouvementée. Endommagée en 1693 et reconstruite à partir de 1698, elle est entièrement rénovée à partir de 1978. Elle fut autrefois la sépulture des princes électeurs du Palatinat, servit d’église universitaire, abrita la Bibliotheca Palatina.
Elle fut aussi le théâtre d’âpres conflits confessionnels et fut séparée pendant 230 ans par un mur de séparation en une partie catholique et une partie protestante. Aujourd’hui, elle est l’église protestante principale de Heidelberg et l’une des plus visitées d’Allemagne.
L’intérieur, de style gothique tardif, se caractérise par de hauts piliers et une voûte à nervures croisées.
Le lien entre l’ancien et le nouveau est omniprésent. On passe des représentations médiévales d’anges aux vitraux ultra modernes, dont certains mêlent science, foi et histoire, comme l’étonnant vitrail rouge qui associe versets bibliques, formule évoquant la relativité et la terrible date de la bombe atomique sur Hiroshima.
Kornmarkt
À proximité immédiate de la place de marché, le Kornmarkt (marché au grain), plus petit, offre une vue imprenable sur le château. C’est aussi le point de départ du funiculaire qui mène au château ou au sommet du Königstuhl.
On y retrouve l’hôtel de ville, mais aussi le palais Graimberg et le bâtiment Prinz Carl. Les très belles façades des immeubles entourant cette place en font un tout fort harmonieux.
Au centre, la Kornmarktmadonna (la fontaine de la Mère de Dieu) fut érigée en 1718, comme symbole de la Contre-Réforme.
Universitätsplatz
Un peu à l’écart des deux autres places, l’Universitätsplatz abritait à l’origine un couvent augustinien où Martin Luther a discuté de ses célèbres thèses au 16ème siècle.
Fondée en 1386 par le prince électeur Ruprecht Ier, l’université de Heidelberg, Ruperto-Carola, est la plus ancienne université d’Allemagne. Au 14e siècle, elle était la troisième université du Saint Empire romain germanique, après Prague et Vienne. Elle compte aujourd’hui plus de 30.000 étudiants.
Le philosophe Friedrich Hegel, le chimiste Robert Bunsen ou encore Max Weber y ont étudié ou enseigné. Au total, l’université de Heidelberg peut se targuer d’avoir « produit » 33 lauréats du prix Nobel, qu’il s’agisse de professeurs, docteurs ou diplômés.
Harmonieusement intégrée dans la ville depuis ses débuts, les instituts de philosophie et de droit se trouvent toujours dans la vieille ville, tandis que d’autres facultés, comme les sciences naturelles ont été transférées dans le Neuenheimer Feld pour des raisons de place.
À voir : l’attraction touristique est le « Studentenkarzer« , situé à l’arrière de l’ancienne université. Jusqu’en 1914, les étudiants qui avaient enfreint l’ordre public y purgeaient leur peine. Ils ont laissé sur les murs du karzer des slogans et des dessins, admirés jusqu’à aujourd’hui par d’innombrables touristes.
Le bâtiment de la bibliothèque universitaire, mélange d’architecture Renaissance et Art nouveau, vaut la peine d’être vu.
Église des Jésuites
La plus grande église catholique de Heidelberg fut construite dans la première moitié du 18ème siècle dans le style baroque. L’église a subi depuis de nombreux agrandissements et modifications et la décoration baroque n’existe plus aujourd’hui. Sa monumentalité exprime le projet des jésuites d’ériger un bastion de l’église catholique à Heidelberg.
Hauptstraße
Comme souvent, la rue principale est aussi l’artère la plus commerçante de la ville. Sa particularité : c’est l’une des plus longues zones piétonnes d’Europe. Pour le touriste, c’est surtout un mélange éclectique de bâtiments anciens et modernes.
Plus que les magasins, ce sont les perspectives et les dizaines de petits détails architecturaux qui m’intéressent. Tout comme les innombrables statues qui ornent les façades d’angle.
Promenades romantiques autour de Heildeberg
Le paysage boisé et vallonné de la vallée du Neckar se prête magnifiquement à toutes sortes d’escapades à pied, à vélo, en bateau ou en voiture.
Le chemin des philosophes
Le Philosophenweg est un des chemins emblématiques de la ville. Il commence 200 mètres après avoir traversé le vieux pont et s’étend sur environ 1,5 km parallèlement au fleuve. Après une courte montée raide, vos efforts seront récompensés par de magnifiques points de vue sur la « triade de Heidelberg », composée de la vieille ville, du Neckar et des collines boisées. De nombreux bancs invitent à faire une pause pour admirer et réfléchir.
La vallée du Neckar
La vallée du Neckar, affluent du Rhin long de 362 kilomètres, offre des paysages romantiques à souhait, avec le contraste du bleu profond de la rivière qui méandre entre les collines verdoyantes puis à travers champs et vignes.
Le deuxième jour de notre séjour, un circuit en voiture nous mènera à la cité médiévale de Bad Wimpfen. Nous parcourrons à cette occasion une petite section de la route allemande des châteaux forts (Burgenstrasse), longue de 1200 km, qui débute à Mannheim, passe par Heidelberg et s’achève à Prague.
La sinueuse vallée du Neckar égrène au fil de l’eau des bourgs charmants aux maisons à colombage pimpantes, surmontés de châteaux en ruine ou restaurés, voire convertis en hôtels. Certains nichés au creux de la forêt, d’autres entourés de vignes.
Des lieux et paysages enchanteurs que je vous ferai découvrir dans un prochain article.
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