Bad Wimpfen, petit bijou de la vallée du Neckar
À moins d’une heure de route d’Heidelberg, la petite cité de Bad Wimpfen a tout pour surprendre et séduire : un riche passé, de jolies maisons à colombages, des ruelles pavés sinueuses et pentues à souhait et une foule de détails étonnants à chaque coin de rue.
Septembre 2022. Deuxième jour de notre séjour à Heidelberg. Nous partons explorer les environs, en l’occurrence une petite cité médiévale dont j’ignore tout. Nous rejoignons Bad Wimpfen par la voie rapide pour revenir ensuite en empruntant la route des châteaux qui longe le Neckar.
Bad Wimpfen, résidence impériale des Hohenstaufe
En préparant notre escapade allemande, j’avais repéré une petite cité médiévale qui m’intriguait. Mais j’étais loin de m’imaginer que c’est ici que se situait jadis le plus grand palais impérial au nord des Alpes.
Déjà, l’arrivée est prometteuse : les tours de la ville surplombant le Neckar se découpent joliment sur le ciel chahuté de cette fin de septembre.
Un peu d’histoire …
Une plongée dans l’histoire allemande s’impose pour comprendre tant soit peu ce que nous allons découvrir.
Nous apprenons ainsi que le site était déjà occupé par les Celtes et les Romains. Mais c’est en 1182 que débute vraiment l’histoire de Bad Wimpfen avec la construction d’un palais impérial par Frédéric Ier Barberousse.
Sous les Hohenstaufen, l’une des familles les plus puissantes de la partie rhénane du Saint Empire romain germanique, la ville devint un des Palatinats impériaux. À cette époque, l’empire ne connaissait pas de capitale et les rois se déplaçaient d’un palatinat à l’autre pour rendre la justice. Wimpfen fut utilisé au moins 34 fois par les empereurs et les rois pour tenir leur cour.
Après la chute des Hohenstaufen à la fin du 13e siècle, le palais impérial perd de son importance. En 1320/22, un incendie le détruisit en grande partie. La ville a ensuite beaucoup souffert au cours de la Guerre de 30 ans. Pillages, menaces, destruction des récoltes et épidémies appauvrissent la ville et accélèrent son déclin.
En 1622, l’une des plus importantes batailles eut lieu aux portes de la ville. Ce fut le début d’une longue période de misères. À la fin de la guerre, seul un dixième de la population avait survécu.
À partir de 1817 la ville connaît un certain renouveau, grâce au développement d’une station thermale, attirant des convalescents du monde entier.
Bad Wimpfen doit sa bonne réputation de station thermale à la saumure, un remède lié à la région. Les bains d’eau saline, le bassin Kneipp, le parc thermal mais aussi la nature à découvrir sur les sentiers de randonnée et les pistes cyclables autour de Bad Wimpfen, attirent curistes et touristes.
Enfin, tout comme Heidelberg, Bad Wimpfen a miraculeusement échappé aux raids aériens des alliés lors de la Seconde Guerre Mondiale.
Aujourd’hui, la ville haute attire de nombreux touristes. Et ses nombreux belvédères offrent de superbes points de vue sur la vallée du Neckar.
Visite de la ville haute fortifiée
Nous garons la voiture près de l’étonnante gare de Bad Wimpfen et pénétrons dans la cité médiévale par une tour-porte. Une ruelle pavée grimpe vers le cœur de la cité fortifiée. Nous dépassons la Hohenstaufentor qui était l’entrée de l’ancien palais impérial (12e siècle).
Il ne reste plus grand-chose du palais impérial, long de 215 m et large de 88 m. Construit sur un éperon rocheux entre 1150 et 1220, il était entouré d’un mur en partie conservé. À la fin du règne des Staufer, ce quartier a été intégré à la ville médiévale.
Blauer Trum
La tour bleue est l’emblème de la ville. Construite vers 1170, elle servait de tour de guet. Elle a brûlé plusieurs fois. Après l’incendie de 1854, sa flèche a été refaite et recouverte d’ardoise. Le nom de « Tour bleue » date de cette époque. Le dernier incendie remonte à 1984, quelques années après la fin d’une rénovation.
Bon à savoir : La tour de 58 mètres de haut est habitée depuis plus de six siècles par un veilleur.
Steinhaus
Non loin de la Tour Bleue se trouve un bâtiment massif en pierre construit lui aussi vers 1200. C’est l’un des plus grands bâtiments profanes romans d’Allemagne. On suppose que cette maison servait de « Kemenate » à la reine (chambre chauffée avec cheminée). Elle a subi de nombreuses transformations au cours des siècles et a été doté de pignons à redans et d’une fenêtre en sept parties au-dessus de l’entrée.
La Steinhaus abrite aujourd’hui le petit musée historique de la ville.
Les arcades du palais impérial
Les arcades sont les derniers vestiges de la salle du palais impérial qui comportait à l’origine deux étages. Elles témoignent de l’aménagement autrefois somptueux du palais et constituent un excellent exemple de construction au temps des Hohenstaufen.
Les arcs en plein cintre, les chapiteaux cubiques et les colonnes toutes différentes ouvrent sur une vue saisissante sur le paysage alentours.
Bon à savoir : Le palais était l’endroit où les rois itinérants tenaient leur cour. Au rez-de-chaussée se trouvaient des locaux de service et de stockage, à l’étage des pièces d’habitation avec une terrasse donnant sur le Neckar et une salle d’environ 180 m², qui avait un accès direct à la chapelle palatine.
Tour rouge
La tour rouge est le donjon oriental du palais impérial. Elle est composée de différents matériaux (grès, tuf et structure en calcaire). On suppose qu’elle était destinée à servir d’abri de secours ou de dernier refuge pour le roi ou l’empereur en cas d’attaque, ce qu’indique l’aménagement intérieur avec cheminée, niches murales, meurtrières et fosse d’aisance. Le toit en tuiles rouges a été détruit pendant la guerre de Trente Ans, mais la Tour Rouge a conservé son nom jusqu’à aujourd’hui.
Sur le mur du château adjacent, au-dessus de la porte inférieure de la ville, se trouve la petite tour de Nuremberg, qui rappelle l’aide apportée par la ville impériale de Nuremberg à Wimpfen, détruite pendant la guerre de Trente Ans.
Église protestante
Les parties les plus anciennes de l’église datent du début du 13e siècle, mais ont été transformées vers 1500 pour prendre l’aspect actuel. L’église-halle à trois nefs a été construite en grès de Heilbronn. Le chœur construit à la fin du 13e présente encore des parties romanes, tandis que l’intérieur a été conçu dans le style gothique. Deux retables comptent parmi les trésors de l’église.
Circuit des maisons à colombage
Si Bad Wimpfen attire tant de visiteurs, c’est notamment en raison de ses splendides maisons à colombages, magnifiquement restaurées et entretenues.
Ici et là de petits jardinets joliment fleuris, des fontaines décorées, mille petits détails donnent l’impression de plonger dans un conte de fée médiéval
J’adore ces petites cités aux maisons si soignées, où l’on sent si bien que chaque propriétaire met tout son cœur pour embellir son lieu de vie. Chaque maison est différente. Couleurs, formes et structures des colombages, petits détails décoratifs, balcons et cours fleuries … Un véritable enchantement !
N’hésitez pas à vous perdre dans les petites ruelles, à emprunter les passages étroits ou les escaliers qui se faufilent entre deux maisons … les surprises vous attendent à chaque tour et détour.
Alte Spital
L’Alte Spital (vieil hôpital), fondé avant 1230, s’est développé pour devenir l’un des plus grands hôpitaux du sud de l’Allemagne. Vers le 15e siècle, il a été divisé en un hôpital religieux et un hôpital civil.
Le complexe hospitalier actuel se compose de la maison médiévale en pierre, de l’aile nord attenante, de l’aile est et de l’extension sur la Hauptstraße. Les colombages sont parmi les plus anciens de la ville.
Après une pause café bien méritée, et quelques détours encore, nous reprenons la voiture pour rentrer à Heidelberg par la route des châteaux le long du Neckar. Mais cela, c’est pour un prochain article …
Excellent compte rendu de votre découverte de Bad Wimpfen.
Nombreuses photos de qualité.
Les guides touristiques sont médiocres à ce propos.
Vous m’avez convaincu que la visite s’imposait.
Merci
Merci pour votre enthousiasme. Si vous passez par Bad Wimpfen, vous ne serez pas déçu !
Et oui, il y a de très beaux coins à découvrir en Allemagne, mais les guides en français sont effectivement plutôt rares …