Séjour sur l’île Callot : une semaine au gré des marées

Une île minuscule. 9 familles y habitent à l’année. Quelques rares maisons se serrent l’une contre l’autre ou s’abritent des vents et des regards. Une destination de vacances bien inhabituelle pour des citadins ! Et pourtant, quelle extraordinaire expérience, quelle fantastique coupure du quotidien. Ici, c’est la nature qui donne le ton et le rythme. Pendant 8 jours, nous vivrons au gré des marées qui couvrent ou découvrent la seule voie d’accès au continent pourtant tout proche.

Route submersible vers Callot

Avril 2004. Par un heureux hasard, en cherchant un gîte pour nos vacances de Pâques en Bretagne, je tombe sur une perle rare… un gîte, au bord de l’eau, sur une île uniquement accessible à marée basse par une route submersible. Je me précipite sur une carte pour découvrir où se niche cette île ! Nous irons donc dans la baie de Morlaix, au large de Carantec.  

photo aérienne de l’île Callot

© photo VJoncheray.fr – photo aérienne de l’île Callot

Callot : île ou presqu’île ?

L’île Callot (prononcez Callotte) est une toute petite île qui s’étend sur moins de 3 km de long pour 30 à 300m de large. On y accède en voiture à marée basse par une route submersible longue d’environ 800 mètres. Callot ne redevient pleinement île qu’à marée haute.

Certains lui trouvent une allure d’hippocampe  … en tout cas, elle me plaît ! Et l’expérience nous séduira tant que nous y retournerons l’année suivante, puis une nouvelle fois en 2016 (sans enfants cette fois !).

Pour la plupart, Callot est avant tout un but de promenade (à pied ou à vélo, voire même en kayak de mer). Ils y passent quelques heures, d’une marée basse à l’autre.

Très peu de personnes y séjournent. Rien d’étonnant à cela, les locations se comptent sur les doigts de la main et le camping n’y est pas autorisé. Conséquence : un calme extraordinaire dès que la marée recouvre la route et que Callot se coupe du monde. 😊

La circulation des voitures est interdite sur l’île, sauf pour les résidents détenteurs d’un badge apposé sur le pare-brise. Nous en avons reçu un pendant nos séjours. Pour les visiteurs d’un jour, un grand parking à l’entrée de l’île invite chacun à laisser son véhicule pour découvrir Callot à pied ou à vélo.

Attention à l’heure des marées

La route submersible qui mène à Callot n’est pas très longue. Elle démarre au petit port de Carantec. A chaque marée basse, on y voit une file de voitures (plus ou moins longue selon les saisons et l’heure) attendre que la route se découvre tout à fait pour pouvoir traverser la passe, dans un sens ou dans l’autre. Ici, la mer rime avec patience … et respect des consignes !

Des panneaux avertissent les touristes de prendre leur précaution et de bien vérifier l’heure des marées. Malgré cela, les pompiers de Carantec doivent régulièrement intervenir pour dépanner ceux qui sont surpris par la force du courant. Et il n’est pas rare de voir l’un ou l’autre véhicule piégé par les flots !  C’est d’ailleurs un sujet de discussion récurrent au niveau de l’administration de Carantec ! (mais que faire contre l’insouciance, voire l’imprudence de certains !?!).

Mieux vaut prévoir une marge de sécurité et ne pas passer quand la route est recouverte d’eau. Nous nous étions concocté un petit horaire personnalisé pour adapter le timing de nos sorties sur le continent !

Pour les piétons il existe un passage un peu plus long qui passe par un banc de sable plus élevé, qui offre de ce fait une plage horaire un peu plus large. Nous le testerons à l’occasion d’une visite à Carantec.

Passe aux moutons vers l’île Callot

Retour de course à Carantec

Callot, un concentré de Bretagne

L’île Callot n’est en rien monotone. D’un bout à l’autre, elle offre des paysages variés et des vues à couper le souffle sur le large, sur la côte de Saint-Pol-de-Léon ou sur la baie de Morlaix.

Constituée de petites criques sauvages, de côtes rocheuses et d’estrans largement découverts à marée basse, la végétation de Callot est typique de cette partie du Finistère : landes avec ajoncs, fougères, bruyères et pins pour la partie nord, champs d’artichauts et cultures pour la partie sud. C’est le paradis des lapins de garenne. Et le rêve de tout pêcheur à pied !

La pointe nord de l’île, plus sauvage, est une réserve naturelle protégée. Au-delà des buissons d’ajoncs et des criques idylliques, un petit sentier mène jusqu’à un promontoire qui domine les chaos granitiques battus par les vagues.

De l’exploitation du granit …

Le granit était l’une des richesses de l’île. Largement exploité au XVIIème, il a servi à la construction de nombreux édifices publics et d’une partie du viaduc de Morlaix.

… au ramassage du goémon

Autre activité traditionnelle de l’île : le ramassage du goémon. Plusieurs fours à goémon sont encore visibles sur l’île. Après le ramassage, le goémon était séché puis brûlé pour fabriquer de la soude, utilisée comme fertilisant.

Anatole Le Braz écrit au début du XXe siècle que le goémon « est la grande ressource actuelle de l’île. Les vastes assises de granit sur laquelle elle repose sont riches en fucus, en zostères, en varech de toutes les espèces, qui, fauchés dans la saison de leur maturité, puis séchés à l’air libre, sont finalement expédiés, par batelées, aux usines de Plouescat où l’on extrait l’iode. » (Wikipedia)

À l’époque, l’île Callot comptait une quinzaine de fours. La plupart sont aujourd’hui ensevelis sous les herbes. Mais un four a été restauré, non loin du parking de la petite école. Il mesure une dizaine de mètres de long pour 60 cm de large. Les dalles du fond sont les mêmes qu’au début du XXe siècle.

Une vie presqu’en autarcie

Au début 1900, l’île Callot comptait encore une centaine d’habitants. Ils y vivaient presque en autarcie. Quelques bêtes, des champs cultivés et la mer pour toute subsistance (goémon et pêche).

L’île a même eu sa propre école, de 1936 à 1975. Aujourd’hui reconvertie en gîte (pour 8 à 10 personnes).

Devenir îlien, le temps des vacances …

Passer ses vacances sur une île comme Callot, ce n’est pas anodin. Les gîtes y sont rares et les infrastructures inexistantes (pas de magasin, pas de restaurant, pas de café). Et toute arrivée ou départ de l’île doit tenir compte des horaires de passage.

La magie opère quand tout le monde est reparti !

Lorsque la marée remonte et que l’île redevient pleinement île, c’est alors que la magie opère. La nature reprend tous ses droits. À tel point qu’une sorte d’allégresse vous gagne, un sentiment d’indicible liberté ! Seul le chant des vagues, du vent et des oiseaux berce vos pas et vos rêveries.

Chacun s’en va explorer les coins et recoins de l’île, à son rythme, à sa guise. Les uns collectent de minuscules et adorables coquillages jaune et orange vif, d’autres arpentent les plages à la recherche du galet parfait, à calligraphier en souvenir de ces moments de pur bonheur. Certains lisent, se chauffent au soleil … ou rêvassent tout simplement.

Nos promenades nous entraînent d’un bout à l’autre de l’île. Au nord, la lande se couvre d’ajoncs et de genêts jaunes au parfum enivrant.

Tout au bout de l’île, le regard confond l’eau et le ciel et ricoche de rochers en îlots. Là, l’horizon s’élargit, tout comme la pensée.

En ce début de printemps, les talus près des maisons sont couverts de jacinthes sauvages, de jonquilles et de tulipes. Les oiseaux pépient et s’ébrouent sur le bord du chemin. Peu farouches, notre passage les perturbe à peine. Et les lapins détalent par dizaines …

Mais certains jours l’île se perd dans la brume. Les contours et les couleurs s’estompent. L’air doux a un petit goût salé et la plage immense est déserte …

Les plages de l’île Callot

Il n’y a pas moins de 17 plages sur l’île Callot. En cette saison, elles sont désertes. Et l’on se prendrait presque pour Robinson …

Les plages du bout de l’île sont probablement les plus belles. On y accède par un petit sentier bordé de fougères. L’une d’elles dessine un arc de cercle sur une centaine de mètres, parsemé de blocs de granit arrondis.

Plage Callot

Les couleurs et les impressions changent au gré de la météo, du bleu le plus intense aux multiples camaïeux de gris, de bleu et de blanc. Et puis, d’autres jours, tout cela se noie dans la brume …

En regardant vers Carantec, on devine sur la gauche les  trésors de la baie de Morlaix : le château du Taureau, l’île Louet et les myriades d’îlots et récifs.

Tour de l’île

Un chemin traverse l’île de part en part. Il mène jusqu’à la pointe nord où se trouve une table d’orientation en granit qui donne toutes les indications sur les lieux et les îlots des alentours : de Saint Pol de Léon au Château de Taureau.

À marée basse il est possible de faire le tour de l’île les pieds dans l’eau … L’estran se découvre largement et de nombreuses plages communiquent entres elles. A certains endroits, il faudra bien sûr enjamber quelques blocs de granit mais rien d’insurmontable … En tout cas, les enfants ont adoré, tout comme nous !

Notre Dame de Callot

Point culminant de l’île (38m !), une ravissante chapelle attire les regards. Son clocher se repère de loin.

L’histoire de cette chapelle votive remonte au VIème siècle. Pour la petite histoire, le chef Breton Murmaczon pria la Vierge Toute-Puissante avant de donner l’assaut contre les pilleurs danois qui occupaient l’île où ils stockaient leur butin. Il promit d’édifier un sanctuaire à la vierge s’il sortait victorieux de cette bataille. Après un combat mémorable, en 513, il posait la première pierre de la petite chapelle. Elle fut baptisée Notre Dame de Toute Puissance (Itroun-Varia-ar-Galloud).  Plusieurs fois rénovée, la chapelle actuelle date du 17ème siècle. Son clocher est classé Monument Historique.

Consacrée aux marins, la chapelle est sobre et typique de la région, avec des vitraux modernes très colorés.

Lieu de pèlerinage. Chaque année à la mi-août, Callot attire pèlerins et curieux, croyants ou non, qui viennent honorer Notre-Dame de Callot. Un pardon dans la plus pure tradition bretonne, avec costumes traditionnels, bannières, chants et cornemuses.

L’île Callot en pratique

Votre vie sur l’île Callot sera rythmée par les marées et l’accès ou non au continent. Dans la mesure où il n’y a ni magasin, ni café, ni restaurant sur l’île … vous devrez penser à faire vos provisions en temps et heure. Un conseil : regardez l’horaire des marées avant même de réserver un quelconque logement. Pour pouvoir rayonner à partir du gîte, vous devrez vous assurer que les horaires des marées vous permettront de le faire (sans devoir partir à l’aube ou rentrer à la nuit noire). La route se découvre 2 heures avant la marée basse et se recouvre 2 heures après. Toutefois, prévoyez une marge car cette plage varie en fonction du coefficient des marées, du vent et des conditions atmosphériques.

Horaire des marées

Loger sur l’île

gîte sur l’île Callot

  • Depuis 2018, la mairie de Carantec a restauré l’école de l’île qui se loue également (gîte pour 8-10 personnes)

Que faire dans les environs

En tenant compte des marées, il est tout à fait possible de visiter la région à partir de l’île Callot. Parmi les choses à voir et à faire dans le coin :

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