Promenade au parc d’Enghien
Je vous emmène aujourd’hui à Enghien, une petite ville du Hainaut, chargée d’histoire. Au cœur de la cité des ducs d’Arenberg, un splendide parc de 180 hectares invite à la promenade. Suivez-moi, la balade en vaut la peine !
Août 2021. Première incursion dans le parc du château d’Enghien par un après-midi d’été plutôt orageux. Heureusement l’averse nous surprendra dans la partie boisée où nous avons pu nous abriter sous les grands arbres.
Composé d’une mosaïque de plans d’eau, de bois, de pelouses et de jardins thématiques, le parc d’Enghien est exceptionnel à bien des égards. Classé à juste titre Jardin Remarquable de Wallonie, il s’étendait à l’origine sur près de 300 hectares, tout à côté de la ville d’Enghien.
Sommaire
Un parc remarquable dès le XVIIe siècle
Lorsque le comte d’Arenberg acquiert le domaine au début du XVIIe siècle, il donne au parc l’aspect qu’on lui connaît aujourd’hui.
« La végétation du parc est luxuriante ; les statues, les vases décoratifs du plus beau marbre de Gènes abondent. Les allées sont bordées de bancs de pierre, de piédestaux portant les bustes de princes, souvent d’un grand mérite et qui sont comme un souvenir des goûts artistiques des princes de la maison d’Arenberg. De nombreux bâtiments disséminés dans le parc contribuent à son embellissement. (De Seyn, 1933) »
À cette époque, le parc d’Enghien était considéré comme l’un des plus beaux jardins d’Europe. Depuis, il a connu une succession d’évolutions plus ou moins heureuses et de nombreuses restaurations pour aboutir à la mosaïque de jardins et de parties paysagères que nous découvrons aujourd’hui.
Outre les parterres à la française, on trouve ici un jardin baroque, un jardin renaissance à l’italienne (reconstitué), une roseraie contemporaine, un conservatoire du dahlia, mais aussi et surtout un vaste espace forestier aux larges allées et aux nombreux arbres remarquables. Le tout agencé selon un savant mélange de géométrie et de perspective et entretenu par une astucieuse ingénierie hydraulique.
Au début du XXe siècle, peu visité et peu entretenu, le parc retourne presque à l’état sauvage. Partagé par le tracé de l’autoroute A8, le domaine est racheté en 1986 par la commune d’Enghien. Depuis, elle a, fort heureusement pour nous, entrepris de le restaurer et de l’ouvrir au public.
Grand canal et bassins d’eau
Dès le départ, le vallon du petit ruisseau Odru a été élargi et utilisé pour alimenter un vaste réseau hydraulique.
« Le souci de coller aux réalités du terrain et de tirer parti des eaux naturellement fournies par le réseau hydrographique local amena Charles d’Arenberg à créer un vaste réseau hydraulique. D’une part l’Odru coule sur le versant sud et alimente le canal. D’autre part, le versant est ramène les eaux dans un immense réservoir qui borde la chaussée Brunehaut, appelé étang Munoz du nom du chanoine hydraulicien de Mons qui conçut le système. Il se situe légèrement plus haut que le bassin des Sept étoiles qu’il alimente. C’est dans ce vallon que prend place l’étang des Balustres qui approvisionne au point haut les fossés de la ville. Avec le temps, d’autres aménagements hydrauliques viendront prendre place à l’est et surtout au sud de l’Estang : barrages, bassins, canaux, vannes, siphons permettent de contrôler tout en contribuant à leur salubrité. (Bavay et al., 1993) »
Au XVIIIe siècle, le parc de Versailles exerçant une grande influence sur l’art des parcs et jardins, le concept de grand canal est incontournable. La longueur de celui d’Enghien est portée à 800m.
Nous le découvrirons, fumant, après la pluie, ce qui le rend encore plus romantique …
Comme à Courances (autre jardin au système hydraulique remarquable), tous les plans d’eau du parc d’Enghien sont interconnectés. En cas de fortes pluies, certaines vannes peuvent être actionnées pour diriger l’eau selon les besoins (on a ainsi pu éviter des inondations dans la ville d’Enghien toute proche).
Le pavillon des Sept Etoiles
Au point le plus élevé du parc se situe un pavillon baroque achevé en 1656. Chef d’œuvre d’Antoine d’Arenberg, cet élégant édifice heptagonal est connu sous le nom de pavillon des Sept étoiles.
À l’origine, conçu comme un observatoire, il évoque les 7 étoiles (ou planètes) connues à l’époque. De ce point surélevé, il était possible d’observer l’horizon et le ciel à 360°.
Situé au centre d’un bassin circulaire, lui-même placé au centre d’un jardin triangulaire, le pavillon est le point de convergence de sept drèves (dont chacune fait face à un pan du bâtiment) et sept allées secondaires plus courtes aboutissant à sept statues. Aujourd’hui il ne subsiste que les socles de ces statues qui représentaient les 7 jours de la semaine, mais aussi les 7 planètes visibles à l’œil nu.
Dans la partie boisée du parc, une dizaine d’allées sont tracées, dont sept, plantées de quatre rangées d’arbres d’essences différentes, convergent vers le pavillon des Sept Étoiles.
Le jardin des fleurs
Ce jardin carré et clos à la française était organisé autour d’un bassin central. Entièrement restauré en 1998 sur base des archives disponibles, il comporte deux pavillons, une balustrade de pierre bleue et un escalier en arc de cercle qui marquent son accès principal.
Le Conservatoire européen du dahlia
L’ancien potager, reconverti à la culture de fleurs, est, depuis 1994, principalement consacré au dahlia, fleur originaire du Mexique.
On y trouve aujourd’hui plus de 1000 variétés de dahlias anciens et nouveaux. La période qui s’étend du mois d’août au début octobre est considérée comme la meilleure pour les découvrir.
Statues et édifices dans le parc
La promenade est également agrémentée par de très nombreuses statues dispersées aux quatre coins du parc, près des points d’eau comme dans la forêt. Au détour d’un sentier, on croisera ainsi le dénicheur d’aigles de Jef Lambeaux, un bronze acheté par Empain vers 1890, un sanglier en bronze sur son imposant socle de marbre ou encore diverses statues de divinités et de personnages célèbres.
Sur la bute artificielle du Mont Parnasse, on découvre même une statue de la louve avec Romulus et Remus
Un mot sur le château d’Enghien
Le château que l’on voit aujourd’hui est relativement récent et ne se visite pas.
La tour de la chapelle castrale
Une tour isolée au milieu d’un bosquet d’arbres est l’unique vestige du château bâti au XIIe siècle par les seigneurs d’Enghien. La base de la tour est d’origine, les autres parties sont le résultat de transformations menées en 1512 : ajout de deux étages et d’un toit.
Au début du XVIIIe siècle, un premier château, résidence des Empain, fut construit à l’entrée du parc. Le domaine passa aux d’Arenberg qui le restaurèrent et l’embellirent. Mais il fut ensuite pillé et dépouillé de ses richesses. Lorsque les d’Arenberg le récupèrent en 1806, le château est en ruine et irrécupérable. Ils en font alors reconstruire un autre qui prit feu le jour de son inauguration.
Le château actuel, de style Louis XVI, fut construit en 1913 à l’emplacement de l’ancienne Orangerie. On y ajoutera 2 ailes en 1926.
La porte des Esclaves
Vers 1660, la famille d’Arenberg érige dans le parc, un arc de triomphe dit des Esclaves, en référence à une sculpture en plomb qui représentait des esclaves enchaînés et qui a été fondue pour en faire des canons à la fin du XVIIIe siècle.
Ce monument s’ouvrait à l’origine sur le pavillon des sept Etoiles, le château et l’étang du Miroir. Vers 1725, l’arc a été démonté, déplacé et reconstruit pour devenir la porte principale du parc.
La cour d’Honneur
Passé l’imposante porte des Esclaves, le visiteur débouche sur l’immense cour d’honneur et ses pavillons.
Les écuries
Construites en 1719, les écuries furent conçues pour y accueillir les 78 chevaux composant les différents attelages des ducs de l’époque. Au cours des récentes rénovations, la commune d’Enghien a mis à jour des souterrains où les Enghiennois se réfugiaient pour échapper aux bombardements durant la deuxième guerre mondiale.
Les nuits lumineuses d’Enghien
En février 2022, j’ai eu l’occasion de retrouver les allées du parc pour une balade nocturne enchanteresse. À cette occasion, la nature, les statues et les bâtiments s’étaient parés de mille couleurs et lumières. Magique !
Ce fut une merveilleuse promenade de 3,5 km rythmée par différents types de jeux de lumière :
- Projection à 360° sur le Pavillon des Sept Etoiles
- 9 installations de vidéo mapping sur les murs du château et d’autres bâtiments
- Une projection de 1000 m² sur les murs des anciennes écuries
- Hologrammes et installations lumineuses à travers le parc
- Éclairage des arbres et allées tout au long du parcours
Le fil rouge de cette balade lumineuse était un conte mettant en scène les habitants du château et du parc : personnages, mais aussi papillons, grenouilles, écureuils … Une expérience véritablement immersive qui a réveillé mon âme d’enfant.
J’ai vraiment pris plaisir à m’immerger dans cette féérie nocturne, que j’avais déjà eu la chance d’apprécier à Bruxelles dans différents quartiers ainsi qu’au parc du château de Grand Bigard.
Le domaine d’Enghien en pratique
Accès : Du 01/04 au 30/09 de 8h à 20h (horaire d’été)
Du 01/11 au 31/03 de 8h à 18h (horaire d’hiver)
Tarif : gratuit
Visite audioguidée, gratuite, pour adultes et enfants. Séquences et informations sur le site Pajawa (Parcs et Jardins de Wallonie).
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