Visite des serres royales de Laeken

Comme (presque) chaque année depuis plus d’un siècle, les serres royales de Laeken (Bruxelles) sont accessibles au public pendant 3-4 semaines au printemps. C’est l’occasion d’admirer de plus près un ensemble exceptionnel à plus d’un égard.

Mai 2021. Cette année, Covid oblige, la visite des serres royales se dessine légèrement différemment. Elle inclut un parcours de 2 km à travers le magnifique parc du château de Laeken tandis que seules les plus grandes serres et l’orangerie sont accessibles au public.

Promenade dans le Parc royal

Passées les grilles du Domaine royal, nous empruntons la majestueuse allée qui mène au château. Ce n’est pas la grande foule. Nous avons donc le temps d’admirer et photographier tout à notre aise. (les bons côtés du Covid !)

Nous obliquons vers la gauche du bâtiment principal pour passer en-dessous d’une première serre qui relie l’aile gauche du château au complexe de serres.

Nous longeons le château, avec sur notre gauche une très belle vue sur la rotonde du Jardin d’Hiver.

La promenade offre quelques points de vue intéressants non seulement sur l’ensemble des serres mais aussi sur le parc en général et sur la ville de Bruxelles.

 

Le parc du château de Laeken est un parc à l’anglaise de 186 hectares (plus grand que les plus petites communes de Bruxelles, Koekelberg ou Saint-Josse).

À la fin du XVIIIIe siècle, la réalisation du parc est confiée à l’architecte-paysagiste Lancelot Brown. Á cette époque, c’est la mode des jardins à l’anglaise, tout en douceur, courbes et romantisme. Des pelouses entrecoupées de parties boisées créent l’illusion d’un paysage naturel. Le parc est le résultat de la fusion de 55 propriétés.

En contrebas, la rivière le Molenbeek alimente une série d’étangs. Une pelouse en pente douce descend depuis le château et les serres jusqu’à cette pièce d’eau.

Calme & sérénité au cœur de la ville

Le circuit de visite emprunte un sentier qui ondule à travers pelouses et massifs, offrant à chaque fois des points de vue et des ambiances différentes  …

Nous passons au large d’un petit étang magnifiquement mis en scène : petit pont, ruines de temple, saule pleureur …

Le parc recèle d’autres « fabriques » (comme le temple de l’amitié ou le temple du soleil) que nous ne verrons pas. Ces décors (appelés fabriques ou folies de jardin) étaient très prisés au XVIIIe siècle. Par la magie de ces éléments décoratifs, le paysage devient tableau, créant tour à tour surprise, émotion, admiration.

Le parcours de visite décrivant une boucle dans la partie haute du parc, nous ne pourrons que deviner l’ampleur et la richesse du domaine royal.

Nous remontons donc vers le point haut du parc où se situent certaines installations techniques comme le « château d’eau » mais aussi une adorable chaumière qui abritait l’atelier de sculpture de la reine Élisabeth, à côté de la Serre des Azalées et une roseraie en arc de cercle.

Les serres royales, imaginées par Balat, précurseur de l’Art Nouveau

Le complexe des serres royales a été édifié entre 1874 et 1905 à l’initiative du roi Léopold II, sous la direction principale d’Alphonse Balat. Il a l’apparence d’une ville de verre avec des pavillons, des coupoles de verre et de fer et de larges galeries couvertes. En partant de l’Orangerie, A. Balat dessine un couloir de verre qui la relie à une rotonde, le Jardin d’Hiver, qui s’inspire de la Palm House des Kew Gardens près de Londres.

La superficie des serres royales s’étend sur 1.5 ha. 36 pavillons organisés en 3 zones :

  • Les serres monumentales, conçues pour accueillir des réceptions et des banquets, sont constituées de la Serre de l’Embarcadère, la Serre du Congo, le Jardin d’Hiver, la Serre Maquet et l’Orangerie. Elles se succèdent en ligne droite et communiquent avec le château par la Serre du Théâtre.

  • Le Plateau des Palmiers regroupe quant à lui le Débarcadère, la Serre aux Palmiers et le Pavillon des Palmiers, l’Église de Fer et la Sacristie, la Serre aux Azalées et les serres de culture d’Albert Ier.

  • Enfin, un ensemble de galeries, couloirs et passages vitrés, ponctués de petits pavillons intermédiaires, vient compléter cet ensemble impressionnant.

Malheureusement, cette année, seule la première zone des grandes serres se visite. Une seconde visite s’impose donc !

La Serre de l’embarcadère

La promenade dans le parc aboutit à la Serre de l’embarcadère. C’est là qu’étaient accueillis les invités lorsque le Roi recevait dans le Jardin d’Hiver ou dans la Serre Salle à Manger. Jadis, les visiteurs arrivaient ici en calèche.

La serre de l’embarcadère est composée de deux sections longitudinales coiffées d’une voûte en berceau. On y découvre de superbes vases de Chine garnis de medinillas (plante tropicale des Philippines) et aux extrémités deux sculptures de Charles Van der Stappen, l’Aurore et Le Soir.

Devant nous, un escalier de marbre blanc permet d’accéder à la Serre du Congo.

La serre du Congo

Construite entre 1886 et 1888, la serre du Congo se présente comme un carré de 30 x 30m couronné d’une grande coupole octogonale, doublée de quatre petites coupoles carrées.

Cette serre était à l’origine destinée à accueillir des plantes provenant du Congo mais elles ont mal résisté au manque de lumière et de chaleur en hiver. La végétation a donc progressivement été remplacée par des plantes subtropicales (palmiers de Chine, d’Australie, de Californie). Le sol est couvert de fougères et de sélaginelles jaunes et vertes.

Le jardin d’Hiver

Construit de 1874 à 1876, le Jardin d’hiver fut la première serre de l’imposante cité de verre.

Cette rotonde de 57 mètres de diamètre et de 25 mètres de haut est couverte d’une coupole de verre dont la structure est formée par 36 arcs de fonte à trois points d’appui.

Les dimensions de cette serre sont telles qu’on y trouve de gigantesques fougères arborescentes, des palmiers et de superbes strelitzias (plus connues sous le nom d’oiseaux de paradis). La plupart de ces plantations datent encore de l’époque du Roi Léopold II.

Le Jardin d’Hiver est relié par des galeries vitrées à l’Orangerie et à la Serre Maquet.

L’Orangerie

Construite en 1817-1819 sur ordre de Guillaume Ier des Pays-Bas, cette longue bâtisse de style néoclassique s’étend sur 97 m de long, 13 m de large et  8 m de haut. Relativement vide aujourd’hui, elle abrite en hiver les orangers, camélias et autres arbustes frileux.  Pour l’heure, ils sont alignés devant l’Orangerie. Certains spécimens ont atteint l’âge canonique de 200 ans.

Le roi Léopold II vouait aussi une véritable passion aux camélias dont il a fait collection. Les 296 variétés de camélias rassemblés ici en font la plus importante collection de camélias en serre dans le monde.

Serres et environnement

Depuis quelques semaines, les serres royales sont dotées d’un nouveau réseau de chaleur, directement relié à l’incinérateur de déchets de la ville de Bruxelles. Cette installation (4,5 km de tuyaux souterrains tout de même) devrait permette de réduire la consommation d’énergie fossile du domaine de 90%. Waouh !!

Crédit photo: régie des bâtiments

Auparavant, l’eau de chauffage était distribuée par un réseau de 14 kilomètres de tuyaux et mise à température par 14 chaudières consommant 800.000 litres de mazout. Les cheminées des chaudières, très décoratives, sont adroitement intégrées dans l’ensemble des serres.

Quant à l’utilisation de l’eau, elle était déjà une préoccupation à l’époque de la construction des serres. C’est pourquoi Balat a conçu un étang dans le haut du domaine qui sert de « château d’eau ». Une machine hydraulique et un système complexe de tuyaux en fonte alimente les serres en eau et même une partie du château.

Collections botaniques

Les serres rassemblent un patrimoine botanique unique comprenant des milliers d’arbres, arbustes, fleurs et plantes dont certaines menacées d’extinction dans la nature.

Nous n’en verrons qu’une infime partie mais l’exubérance et la richesse des couleurs et surtout le soin manifeste apporté aux plantes nous a enchanté.

L’âge des plus anciens palmiers est estimé à 150 ans. 44 orangers font partie de la collection initiale du XVIIIe siècle (en provenance de l’orangerie de Tervueren).

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