Mirmande et Cliousclat : deux villages perchés sauvés de l’abandon par l’art

Nichés dans les collines de la Drôme, à mi-chemin entre Valence et Montélimar, Mirmande et Cliousclat sont bien plus que de simples villages d’artisans. Remontant au Moyen Âge, l’histoire de ces villages perchés témoigne d’une époque où nombre de bourgades rurales ont sombré dans l’oubli avant de renaître spectaculairement au XXe siècle. Aujourd’hui, ces villages sont des témoins vivants de la fusion entre patrimoine, artisanat et nature.

À travers cet article, je vous invite à découvrir l’histoire fascinante de la renaissance de ces deux villages perchés de Drôme. Et, plutôt que de vous proposer un guide de visite, je vous invite à partager l’expérience sensorielle unique que j’ai pu vivre dans ces lieux où se multiplient les ateliers d’artistes et d’artisans, immergés dans une nature exubérante.

Les villages perchés de Drôme

Tout au long de la vallée de la Drôme, les collines sont jalonnées de villages perchés, véritables sentinelles d’une époque marquée par l’insécurité, où la surveillance depuis les hauteurs était une question de survie. L’origine de ces villages remonte à des temps anciens, notamment à l’âge du fer.

Avec l’arrivée des Romains, l’habitat s’étend dans les vallées, où des villas gallo-romaines se développent le long des voies de communication. Plus tard, sous le système féodal, les habitants se regroupent à nouveau sur les hauteurs, autour de châteaux forts ou d’églises, cherchant protection et sécurité.

À partir du XIXe siècle, de nombreux villageois descendent dans les plaines, pour bénéficier de conditions de vie plus clémentes. De nouveaux bourgs se créent. Certains coexistent avec les anciens sites perchés, tandis que d’autres sont complètement abandonnés. Mais à la fin du XXe siècle, un retour aux valeurs rurales entraîne un renouveau des villages perchés, attirant de nouveaux habitants en quête d’authenticité, contribuant ainsi à leur renaissance.

Résilience de deux villages perchés de Drôme

Mirmande et Cliousclat, comme la plupart des villages perchés en Drôme, ont connu leurs moments de gloire et d’abandon. Mais leur pouvoir de séduction est tel qu’ils ont su renaître de leurs cendres.  

Âge d’or de Mirmande et Cliousclat

Mirmande, ancienne propriété des Adhémar au Moyen-Âge, était un centre agricole prospère, avec des maisons de pierre s’élevant en terrasses le long de la colline. Le bourg a connu son âge d’or au XIXe siècle grâce à l’industrie de la soie. Des magnaneries, des filatures, et des moulinages s’y sont installés, attirant des travailleurs et stimulant l’économie locale.

Cliousclat, de son côté, a développé depuis le XVIIe siècle une tradition de poterie florissante. La richesse du village se trouve dans sa terre, une argile d’excellente qualité qui ne donne pas de goût aux produits alimentaires. À cette époque, tout le monde vit de la poterie à Cliousclat, chaque maison a son tour, les paysans complètent leurs revenus en ramassant des fagots pour alimenter les fours… Il existait 8 fours en 1850 et une cinquantaine de potiers actifs, produisant pots et pièces à usage domestique et laitier.

Déclin et abandon des villages perchés: la période d’ombre

Les XVIIIe et XIXe siècles ont marqué une période difficile pour les villages perchés. Avec l’exode rural et l’évolution des modes de vie, Mirmande et Cliousclat, comme tant d’autres, ont progressivement été désertés.

Mirmande fait face, au début du XXe siècle, au déclin rapide de son activité de sériculture, provoqué par les maladies et la concurrence asiatique. Le village, progressivement déserté, sombre dans l’abandon. Les maisons tombent en ruine, les toitures s’effondrent, et la végétation envahit les intérieurs autrefois animés. Mirmande, jadis vivant et dynamique, semble voué à l’oubli.

À Cliousclat, face à l’industrialisation et à la concurrence de nouveaux matériaux, la poterie utilitaire a moins la cote et l’activité des potiers baisse fortement, privant le village de son activité économique principale.  

Renaissance de Mirmande et Cliousclat au XXe siècle  

À Mirmande, c’est en 1926 qu’un tournant décisif se produit. Le peintre cubiste André Lhote, en visite dans la région, est frappé par la beauté mélancolique du village. Séduit par ce lieu empreint de mystère, il décide d’y acheter une maison. Rapidement, il attire d’autres artistes, qui voient en Mirmande un havre d’inspiration. Grâce à cette nouvelle énergie créative, Mirmande commence à renaître de ses cendres.

Renaissance consolidée grâce à Haroun Tazieff, qui devient maire de la commune de 1979 à 1989. Sous son impulsion, le site est classé, les rues sont repavées, et l’église Sainte-Foy restaurée et désacralisée accueille des manifestations culturelles. Le village redevient un lieu de vie et de création.

Aujourd’hui, avec ses remparts, ses ruelles tortueuses et ses maisons Renaissance, Mirmande figure parmi les « Plus Beaux Villages de France ».

En parallèle, Cliousclat, tout proche, connaît lui aussi une renaissance liée à sa tradition de poterie.

Au début du XXe siècle, Marius Anjaleras crée la Fabrique de poterie. Il achète un terrain à la sortie du village, sur lequel il édifie en 1902 des ateliers, équipés de bassins de détrempage de la terre, d’une cour de séchage et d’un grand four à bois de 10 m³. Et il invite les potiers du village à s’y regrouper. 120 ans plus tard, elle existe toujours, malgré quelques périodes plus difficiles.

Pour survivre les potiers ont dû se réinventer. D’exclusivement utilitaire, leur poterie est devenue plus décorative, variant tailles, styles et usages. Et les vases et poteries de jardin on pris le relais.

Visiter Mirmande et Cliousclat : une immersion sensorielle inspirante

Visiter Mirmande et Cliousclat, c’est avant tout une expérience sensorielle complète.

Voir et s’émerveiller devant les œuvres de l’homme et de la nature

Les panoramas offerts depuis les hauteurs de Mirmande et Cliousclat ne sont pas seulement spectaculaires, ils sont aussi empreints de l’harmonie subtile entre l’homme et la nature. Les maisons de pierre de Mirmande semblent se fondre dans le paysage.

Les ruelles pavées, bordées de maisons en pierre dorée, sont baignées dans une lumière chaude qui magnifie chaque détail architectural.

À Cliousclat, les poteries en terre vernissée, aux couleurs vives, se fondent harmonieusement dans la verdure environnante, illustrant parfaitement la fusion entre artisanat traditionnel et nature.

Chaque visiteur est invité à ralentir, à prendre le temps de contempler ces scènes où l’artisanat et la nature se rejoignent.

Humer les parfums de lavande, d’herbes et d’argile

L’air à Mirmande est chargé de l’odeur douce et apaisante de la lavande, mêlée à celle des plantes aromatiques que l’on devine derrière les murs des jolis jardins.

En parcourant les rues de Cliousclat, l’odeur terreuse et réconfortante de l’argile chauffée se mêle à celle des jardins fleuris, où les roses et les lauriers exhalent leurs parfums sous le soleil de la Drôme.

Écouter le dialogue de la nature et de l’art

Dans ces villages, le silence prédomine, seulement traversé par les mille chants du midi : les cigales, le vent dans les arbres et les buissons de lavande, les pépiements des oiseaux. Et de-ci, de-là les martèlements d’un artisan au travail.

Toucher la matière, sentir le passé

Lorsque vous passez vos mains sur les murs en pierre rugueuse, vous pouvez presque ressentir l’histoire millénaire de ces villages, où chaque pierre a été taillée et posée avec soin par des générations d’artisans.

À Cliousclat, toucher les poteries vous connecte directement avec le sol de la Drôme, transformé par les mains habiles des potiers. Une terre cuite, légèrement poreuse, aux motifs gravés ou peints, qui raconte l’histoire d’un art ancien qui a survécu aux épreuves du temps.

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Goûter les gourmandises locales

La visite de ces villages serait incomplète sans une dégustation des produits du terroir. Une pause s’impose après avoir parcouru toutes ces ruelles en pente. Alors quand on croise une terrasse avec vue ….

En conclusion

En parcourant les ruelles pavées de Mirmande et les ateliers de potiers de Cliousclat, on ne peut qu’admirer la résilience et la capacité de ces villages à se réinventer. Leur renaissance au XXe siècle est une célébration de l’art et de l’artisanat, des forces qui ont su préserver leur âme tout en attirant de nouveaux passionnés.

Prêt à vivre cette expérience par vous-même ? Venez découvrir Mirmande et Cliousclat, laissez-vous envoûter par leur charme intemporel, et partagez vos impressions dans les commentaires ci-dessous. Et pourquoi ne pas prolonger l’aventure en explorant d’autres villages perchés de la Drôme ? Chaque village a son histoire, ses traditions, et ses trésors cachés qui n’attendent que vous.

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