Les villages perchés de l’Istrie Verte séculaire

villages perchés d'Istrie

L’Istrie ne se limite pas à ses côtes et à ses îles, loin de là ! Elle possède aussi un terroir très riche. La partie intérieure, appelée à juste titre l’Istrie Verte, se distingue par un paysage de collines recouvertes de cultures et de forêts. Ça et là, des villages haut perchés dominent le paysage. Un véritable voyage dans le temps !

L’Istrie Verte, un voyage dans le temps

Certains villages perchés sont presque abandonnés ou assoupis, d’autres bien plus animés et touristiques. Les uns et les autres sont généralement accessibles par de petites routes locales. Un bon GPS devrait vous garder sur le droit chemin.

Pour les plus courageux, un tour à vélo est également envisageable. Pour cela, le site Istria bike (en anglais) est une bonne source d’information.

Istrie verte

Au milieu des années 80, des dizaines de villages du centre et du nord de l’Istrie étaient désertés. Les routes, l’électricité et les connexions téléphoniques faisaient souvent défaut. Mais depuis les années 90 on assiste à une véritable renaissance de l’intérieur de l’Istrie. Les villes médiévales et des villages séculaires se réveillent. Plus de 4000 vieilles maisons en pierre ont été rénovées et des villages entiers sont reconstruits dans le style traditionnel. Des trésors culturels cachés ont depuis été rendus accessibles.

Et si le patrimoine culturel mérite le détour, la nature se montre également généreuse dans cette partie de l’Istrie : des terrasses couvertes d’oliviers ou de vigne aux forêts truffières, il y a largement de quoi séduire les plus fins gastronomes. L’Istrie Verte est d’ailleurs parcourue par six routes du vin et autant de routes de l’huile d’olive.

Pour partir à la découverte de l’incroyable richesse de l’Istrie intérieure, je vous propose deux circuits distincts. En effet, il faut au minimum deux journées bien remplies pour vraiment profiter de cette campagne merveilleuse.

De la riviera aux villages du centre de l’Istrie

Au départ d’Opatija ou Lovran, la route longe la côte istrienne jusqu’au Fjord de Plomin. D’un côté le massif de l’Učka et son point culminant, le Mont Vojak (1401m) ; de l’autre, en contrebas, la mer et l’île de Cres. La route 66 (cela ne s’invente pas !) offre de superbes points de vue mais les possibilités de parking sont rares …

A lire aussi : Opatija et la riviera liburnienne : palaces et lungomare

Fjord de Plomin

Originairement nommée Flanona, la bourgade de Plomin fut construite à l’époque romaine. Perchée au-dessus du fjord du même nom, elle est aujourd’hui presque déserte (elle a perdu la moitié de ses habitants, des italiens, à la fin de la deuxième guerre mondiale).

Jadis petite ville fortifiée, aujourd’hui village assoupi mais adorable, avec ses ruelles étroites, ses maisons de pierres et sa Loggia du 17ème siècle, elle garde de nombreuses traces de son passé tumultueux.

À 3 km de là, un belvédère aménagé offre une vue splendide sur le fjord et les environs. Par temps clair, la vue s’étend jusqu’aux îles de Cres et Lošinj.

Fjord Plomin

© croazia-vacanze.com

Mais ce que les photos ne vous montreront pas souvent … c’est l’énorme cheminée (170 m de haut quand même) de la centrale électrique qui défigure le paysage quand on regarde vers le fond du fjord  … Heureusement, avec les tours et détours de la route, elle est vite oubliée.

Labin, l’insoumise

La ville de Labin se situe sur une colline de 320m de haut, à seulement 3 km de la mer. Comme son nom ancien l’indique, Albona ou Alvona (qui signifie ville sur la colline), Labin est d’origine celtique-illyrienne.

Labin - Istrie

Cette région était connue pour ses mines de charbon, exploitées pendant des siècles. Mais après la première guerre mondiale et le rattachement de l’Istrie à l’Italie, les mineurs se sont soulevés. Progressivement rejoints par tous les habitants de la ville. Ils ont même proclamé la République de Labin. Mais ce rêve d’autonomie n’a duré que 36 jours …

Aujourd’hui, Labin est surtout appréciée par les amateurs d’histoire et d’art. Les rues étroites et escarpées de la vieille ville mènent à des palais, à des ateliers d’art et des galeries.

Le Palazzo Battiala-Lazzarini est particulièrement intéressant. Ce palais du 18ème siècle, haut en couleurs, abrite un musée sur l’histoire de la ville. Avec une galerie de mine de charbon au sous-sol, où l’on peut assister de près au travail quotidien des mineurs.

Palazzo Battiala-Lazzarini - Labin - Istrie

Les Vénitiens ont laissé de nombreuses traces à Labin, comme le lion de Saint-Marc sur la porte de la ville, ou sur la façade de l’église de la Nativité de la Vierge Marie.

Labin est aussi la ville natale de Matthias Flacius Illyricus, réformateur luthérien et proche collaborateur de Martin Luther.

A voir ou faire dans les environs

  • Le chemin de la déesse Sentona ou sentier des sources divines, qui vous mènera du Labin médiéval jusqu’à la côte adriatique à Rabac. Longueur : 3,7 km. Comptez 1,5h de marche en descente à travers de magnifiques paysages où murmurent ruisseaux et cascades. La source Šćurak, sous les murs de la ville médiévale, était autrefois la principale source de la ville et les terres environnantes étaient le grand jardin de la ville.
  • Le parc des sculptures à Dubrova
    Plus de 70 œuvres sont exposées en plein air dans un parc de 40 ha.

Beram et sa danse macabre

Beram est l’un des plus anciens sites habités d’Istrie (âge du fer). Une colline conique au-dessus d’une vallée fertile était bien un endroit idéal pour s’établir. Forts romains et châteaux médiévaux se sont succédés en ces lieux. Le tracé de rue radial fondé dans l’Antiquité a perduré jusqu’aujourd’hui.

Mais le principal attrait de Beram se situe à environ un kilomètre du village. Il s’agit des 46 fresques datant de 1474 réalisées par Vincent de Kastav dans la chapelle gothique de Sainte-Marie-des-Ardoises. Ces fresques sont un témoignage précieux de la vie quotidienne en Istrie au 15ème siècle. La pièce maîtresse est une danse macabre où l’on distingue 10 personnages, chacun accompagné par la mort. Malheureusement temps a fait son œuvre et certains personnages sont difficilement discernables.

Bon à savoir
Pour visiter les fresques, vous devrez demander les clés au village (et annoncer votre visite en téléphonant au 052.622.903).

Fresques Beram - Istrie

© Wikipedia

De la côte ouest aux villages perchés du nord de l’Istrie

Le deuxième circuit démarre de la côte ouest (au choix Rovinj, Poreč ou plus au nord encore) pour découvrir d’autres villages perchés au riche passé, généralement entourés de vignes, d’oliveraies ou de forêts truffières. Les papilles tout comme les méninges se régalent ici !

Motovun, cité médiévale et haut-lieu de la truffe

Au sommet de la colline qui domine la vallée et la rivière Mirna, on aperçoit les remparts et les maisons serrées les unes contre les autres. Motovun se repère de loin !

Des cyprès, des rues pavées et pentues, des demeures patriciennes séculaires, des passages voutés, un palais Renaissance, des tours et des murs d’enceinte … Tout cela a comme un petit air de d’Italie. D’autant que les noms de rues et de lieux sont indiqués dans les deux langues, croate et italien, et que nous avons entendu plus d’un habitant parler italien.

Motovun - Istrie

Motovun est probablement le village perché le plus connu d’Istrie. Et, logiquement, il attire les foules en été. Mais, heureusement pour nous, en ce début d’octobre, les touristes sont peu nombreux. Autre avantage, la lumière est plus douce, tout comme les températures. Que du bonheur !

La domination vénitienne a donné à Motovun (Montona en italien) son caractère architectural actuel. La ville est entourée d’une double enceinte (dont la construction s’étale sur plusieurs siècles, du 12ème au 17ème siècle) avec des tours fortifiées et des portes pour entrer dans la ville. Demeurée intacte jusqu’à ce jour, il est possible d’en faire le tour (payant). Vous jouirez ainsi d’une impressionnante vue à 360° sur la plaine et les collines environnantes.

Au pied de la colline, un grand parking où les touristes sont priés de laisser leur voiture. Le reste se fait à pied car la ville est piétonne ! Il y a toutefois une navette de bus si la montée vous rebute. En remontant de la plaine, un raccourci de pierre et de terre grimpe rapidement pour rejoindre la route plus haut. Un peu plus loin encore, on s’écarte de la route pour prendre d’étroites ruelles revêtues de dalles de pierre inégales, qui mènent au centre de la ville.

Tout là-haut, passé la porte de la ville, on aboutit sur une immense place où se trouve d’un côté le palais-château Polesini de style renaissance (aujourd’hui transformé en hôtel) et de l’autre l’église Saint-Étienne avec son campanile (œuvre de l’italien Andrea Palladio). Des terrasses à l’ombre invitent à faire une pause.

Motovun - Istrie

À cette période de l’année, les touristes sont peu nombreux. Nous avons ainsi pu profiter des lieux et musarder tout à notre aise. Interdite aux voitures (sauf pour les résidents), la ville est vraiment agréable à découvrir et les points de vue sur la campagne environnante sont grandioses.

A voir ou faire dans les environs

  • La Perenzana, une ancienne voie de chemin de fer qui relia Trieste à Porec jusqu’au début du XXe siècle, aujourd’hui reconvertie en piste cyclable fort appréciée.
  • Les journées de la truffe ou foire de la truffe blanche, la grande spécialité de l’endroit. Chaque année, du début octobre à la mi-novembre.
  • Oprtalj: situé de l’autre côté de la vallée Mirna, en face de Motovun, au milieu des vignobles. À l’entrée du village, une belle loggia vénitienne, offrant des vues superbes sur la vallée d’Osoje. Nombreuses façades aux couleurs vives.  Mais d’autres maisons sont passablement délabrées … ce qui donne un charme particulier à l’endroit.
  • Livade: juste au nord de Motovun, ce petit village est incontournable pour les amateurs de truffes.

Motovun campagne

Hum, étape glagolitique

Cette vieille ville médiévale a presque 1000 ans et rien n’a été construit en dehors de ses murs au cours des siècles. Sur place, vous aurez l’impression de remonter le temps.

Hum - Istrie

© adriatic.hr

Hum est une étape de l’allée glagolitique, qui relie 11 monuments entre Roč et Hum (3 km) et rend hommage aux moines qui ont assuré la préservation de l’ancienne écriture croate – le glagolitique. Et de fait, on trouve un mot de bienvenue écrit en alphabet glagolitique sur la Porte de la ville.

Groźnjan, ville du jazz et des artistes

Autre ville médiévale fortifiée, perchée en haut d’une colline de 228 m de haut. Groźnjan offre une belle vue sur les vignobles et les oliveraies de la vallée de Mirna.

À seulement 20 minutes de Novigrad et de l’Adriatique, Groźnjan n’aurait jamais été attaquée par une armée ennemie. Ce qui explique son état de conservation. Ici aussi des rues pavées étroites et sinueuses sont bordées de vieilles maisons en pierre. Les lauriers roses ajoutent de la couleur aux façades austères.

Surnommé le village des artistes, Groźnjan compte plusieurs galeries d’art. Mais ce sont sans doute les petits magasins où l’on trouve fromage local, huile d’olive, vin et divers produits à base de truffes qui attirent les nombreux touristes. A moins que ce ne soit le jazz puisqu’elle accueille chaque année en juillet un festival de jazz européen. Revisiter l’histoire sur des notes jazzy, cela vous dit ?

Autres villages perchés d’intérêt

Il existe encore bien d’autres villages perchés dans l’Istrie verte. Si le cœur vous en dit et si vous en avez le temps, voici quelques villages qui méritent également le détour et qui pourraient compléter l’un ou l’autre circuit.

  • Momjan: à la frontière Slovène, vaut surtout le détour pour une dégustation de vin
  • Buje: la plus septentrionale et la plus grande des villes perchées. Connue comme la sentinelle de l’Istrie, à 10 km de la mer. Point culminant, l’église de St. Servolo date du 16ème siècle.
  • Boljun : petite ville fortifié située en Istrie centrale, sous la montage Ucka. Grand château médiéval bien préservé.
  • Buzet : connue comme « la ville de la truffe ». Vues fantastiques
  • Gračišće: dans la partie plus centrale de l’Istrie, cette ville médiévale perchée longtemps oubliée se réveille depuis une dizaine d’années. Toute la ville est construite sur les rochers. La ville, autrefois entourée de murs, est divisée en quartiers dont chacun possède sa propre place avec une église.

© central-istria.com

  • Zavrsje : ici aussi les lieux sont en partie laissés à l’abandon. Avec ses maisons couvertes de lierre, le village a séduit plusieurs réalisateurs de cinéma.
  • Draguć est lui aussi un lieu de tournage très populaire et est apparu dans des productions croates et internationales.

 

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