Flowertime 2023 : Quand le surréalisme fleurit à Bruxelles
Du 11 au 15 août, 23 fleuristes belges et internationaux ont transformé l’Hôtel de ville de Bruxelles en un fabuleux jardin d’Eden. Une expérience enchanteresse qui m’a permis de revisiter ce joyau de l’architecture gothique.
Août 2023. Flowertime est de retour à Bruxelles et cette fois, il rend hommage au surréalisme belge. Rien d’étonnant à cela, puisque nous célébrons cette année le 125ème anniversaire de la naissance de René Magritte, l’un des grands noms de ce courant artistique cher au cœur des belges.
C’est déjà la cinquième édition de Flowertime, qui se tient tous les deux ans à l’Hôtel de ville, en alternance avec le célèbre tapis de fleur qui métamorphose la Grand Place à la même époque, pour le plus grand bonheur des touristes et des bruxellois.
Bruxelles en fleurs en août
L’expérience florale de l’été bruxellois démarre déjà dans le quartier qui entoure la Grand Place. En effet, la Ville de Bruxelles a imaginé un parcours floral (gratuit) à travers le cœur historique de la cité en parallèle à l’événement (payant) qui se tient à l’Hôtel de ville.
C’est ainsi que depuis le début du mois d’août, les petites rues et places du cœur de Bruxelles sont parsemées d’installations fleuries, imaginées et créées par une dizaine d’artistes floraux. Suspendues ou posées au sol, ces sculptures végétales constituent un parcours original qui invite les passants à regarder la ville autrement.
Au total, 18 “étapes” constituent ce parcours éphémère. À noter qu’il s’agit de fleurs artificielles (les fleurs fraîches ne pouvant résister 15 jours aux aléas de la météo belge).
Chaque rue a son thème et son identité visuelle. Ainsi, rue du Marché aux Herbes, des bicyclettes fleuries sont suspendues au-dessus des têtes. Rue de la Violette, ce sont des cadres de bois incrustés de fleurs qui flirtent avec les pignons à gradins des façades anciennes. Tandis qu’au large du célèbre Mannekenpis et du non moins célèbre bar à bière Poechenellekelder, ce sont des fleurs stylisées géantes qui égayent la ruelle.
Le parcours démarre dans la cour intérieure de l’Hôtel de ville où trône une pipe géante et fleurie, hommage évident au maître belge du surréalisme, René Magritte.
Un troupeau d’éléphants sur la Grand Place
Imaginez ma surprise, lorsque j’ai aperçu, en arrivant sur la Grand Place, un troupeau d’éléphants en bois ! Grandeur nature, fleuris et tournés vers l’Hôtel de ville, comme une invitation à visiter l’exposition Flowertime qui s’y tient.
Créés par l’artiste sud-africain Andries Botha, ces pachydermes ont déjà parcouru un long chemin en Belgique, de la côte au zoo d’Anvers, en passant par le Musée de l’Afrique à Tervuren et le zoo de Planckendaal. Mais c’est la première fois qu’ils se posent en plein cœur de la capitale. Le plus grand d’entre eux mesure plus de 7m de long et pèse 500 kg. Leur installation était bien entendu un de temps forts de la préparation de l’événement floral estival.
Art floral et surréalisme à l’Hôtel de ville de Bruxelles
Cette année, 23 équipes de fleuristes belges et internationales (France, Portugal, Ukraine, Indonésie…) ont rivalisé de talent et d’imagination pour décorer l’Hôtel de Ville.
15 salles se sont ainsi métamorphosées sous la baguette de ces magiciens de l’art floral. Et on ne peut qu’admirer l’ingéniosité de ces compositions élégantes, audacieuses, décalées ou parfois impertinentes.
Cette année, elles rendent hommage aux grands maîtres du surréalisme belge. Un mouvement artistique, connu pour ses images intrigantes, ses métaphores oniriques et ses associations inattendues, une source d’inspiration fantastique pour les fleuristes et designers de Flowertime 2023.
Mais au-delà de la beauté intrinsèque de chaque composition florale originale, c’est aussi la manière qu’elles ont de dialoguer avec ce lieu exceptionnel qui fait toute l’originalité de l’exposition. En effet, les salles de conseil et de réception, tout comme les cabinets échevinaux renferment de somptueuses tapisseries, de précieuses boiseries et d’innombrables tableaux anciens qui témoignent du passé prestigieux de la ville.
Le parcours démarre avec une réalisation indonésienne exhubérante : un oiseau de paradis scintillant, entouré de feuilles entrelacées selon le savoir-faire traditionnel du janur.
En abordant l’escalier qui mène au premier étage, une pluie de fleurs s’échappe d’arrosoirs suspendus, une vision aussi belle que poétique. Dans le grand dégagement où l’on aboutit, un chardon monumental en papier prend la pose à côté de vases anciens. Plus loin, d’autres compositions reprennent les codes couleurs des tableaux anciens.
Les portes ouvertes sur les cabinets des échevins laissent entrevoir d’autres compositions merveilleuses, comme « L’Envolée », une installation de Max Hurtaud, qui rappelle les papillons monarques du Mexique, un pur délice pour les yeux.
Nous abordons ensuite la salle du conseil communal, où les somptueux arrangements floraux de Marc Noel et Maia Tavares se marient parfaitement à la magnificence du lieu. Il faut dire que c’est ici que l’on dirigeait le Brabant, avant même que la Belgique n’existe. Le Conseil communal de la Ville de Bruxelles y était organisé jusqu’à tout récemment. Et les décisions s’y prenaient sous la bienveillance de l’assemblée des Dieux, une vaste représentation allégorique, peinte au plafond.
Nous pénétrons ensuite dans la salle Maximillien où est dressée une longue table fleurie, où les talents de Damien Overputte et Ness Klorofyl ont créé une atmosphère évoquant une pluie magrittienne.
Cette année, deux salles supplémentaires ont été ajoutées au parcours Flowertime : le bureau du bourgmestre et la salle du gouvernement provisoire, où une composition étonnante mêle écheveaux et fleurs piquées.
Le bureau du bourgmestre est, quant à lui, envahi de compositions surprenantes, où fleurs, papiers et dossiers s’entremêlent dans un joyeux désordre. Serait-ce un clin d’œil surréaliste au quotidien du maître des lieux ?
Mais au-delà des compositions florales, ce que j’ai particulièrement apprécié ici ce sont les peintures d’une Bruxelles disparue, où la Senne était encore à ciel ouvert …
On aborde ensuite la superbe salle gothique où une débauche d’orchidées s’épanouissent sous des coupoles moussues multicolores. Cette impressionnante réalisation est l’œuvre de l’atelier Sören Van Laer.
La promenade se termine par la mythique salle des mariages, tout de blanc parée, plumes, gaze et fleurs immaculées rappelant que l’on a célébré ici bien des mariages …
Enfin, Olivier Papeleux offre une décoration, infiniment naturelle et décalée, au monumental Escalier des Lions que nous empruntons pour quitter l’exposition.
View tower experience
Cette année, il était possible de combiner la visite à l’exposition florale avec une visite de la tour de l’Hôtel de ville. N’étant jamais monté là-haut, j’en ai profité pour m’offrir une autre vision de ma ville.
Bon à savoir : la tour actuelle fut édifiée en 1449 par Jean Van Ruysbroeck, architecte de Philippe-le-Bon. Elle est haute de 90 mètres. Et elle a été profondément restaurée et totalement dégagée fin mai 1997. Elle est surmontée d’une girouette de 5 mètres représentant saint Michel terrassant le dragon (Saint Michel représente les armes de la Ville de Bruxelles).
Un escalier en colimaçon bien étroit, où l’on ne se croise pas, mène là-haut. 200 marches bien raides … jusqu’au premier niveau de la tour-lanterne octogonale, dont les baies ajourées offrent une vue à 360 degrés sur la ville.
Flowertime en pratique
Date : tous les deux ans, du 11 au 15 août. Prochain rendez-vous en 2025.
Tarif : 10€ en prévente (sur le site flowertime.be) et 12 € sur place. Et si vous êtes d’humeur aventureuse, pour 6 € de plus, et 200 marches à gravir, la Tower View Expérience offre une vue imprenable sur Bruxelles.
En conclusion
Si votre curiosité est piquée, vous devrez être patient ! Le prochain Flowertime aura lieu en 2025 !
Une expérience hors du commun à ne surtout pas manquer lorsqu’elle reviendra à Bruxelles ! Car comme dirait Magritte : « Ceci n’est pas un simple festival floral ».
Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !