En route pour la baraque de l’air et les menhirs de Lozère
Un point de vue extraordinaire sur les causses et les forêts de Lozère. Une ancienne bergerie au milieu de nulle part, transformée en gîte rustique. Un plateau venteux parsemé de menhirs. Ici et là des hameaux isolés, reliés entre eux par des chemins au long cours et de paisibles départementales. Un horizon bleu-vert-paille sur lequel glisse l’œil à perte de vue. C’est cela le lieu-dit la Baraque de l’Air. Un lieu magique dans une nature préservée.
Juillet 2017. Dernière étape d’un périple à travers le sud de la France, des Landes jusqu’en Lozère, en passant par le Béarn et la Provence. Cinq semaines en semi-itinérance pour découvrir les merveilles du sud.
Ce n’est pas notre première escapade en Lozère. La diversité et la majesté des paysages nous ont séduits il y a bien longtemps déjà. Nous y avons passé en famille quelques vacances mémorables.
Lozère : des gorges et des causses
De la Lozère, nous connaissions déjà les gorges profondes, comme celles du Tarn et de la Jonte que nous avons parcourues avec nos enfants (à pied, en voiture ou en barque), mais aussi les plateaux arides des causses de Sauveterre et Méjean.
A chaque fois le dépaysement fut total. Et la coupure avec notre quotidien citadin radicale. Surtout sur les causses. Ces étendues où le soleil tape dur, où l’herbe est rase et les points d’eau rares, nous invitaient à chaque fois à d’incroyables retrouvailles avec la terre à laquelle nous étions si peu connectés en ville.
Cette fois, nous constaterons avec un immense plaisir qu’ici et là des hameaux renaissent et des villages s’agrandissent. Un retour à la terre s’amorcerait-il ?
La Baraque de l’Air
Au lieu-dit « La Baraque de l’Air », situé à 1249m d’altitude, au sud-ouest du mont Lozère, au cœur de la Cham des Bondons, nous établissons nos pénates pour une semaine vivifiante, dans un gîte isolé en pleine nature. Pas âme qui vive à des kilomètres à la ronde. Tout de suite, le silence et l’espace nous happent.
Une terrasse ensoleillée, orientée plein sud, face à un panorama exceptionnel. L’horizon se perd dans les ondulations des champs et des prairies, avec en toile de fond, les contreforts bleutés du Mont Lozère. Plus près, on aperçoit les croupes arrondies de deux Puechs.
Les cloches des vaches nous signalent leur présence alentours. Curieuses, elles passent une tête près de la terrasse, pour voir les intrus …
Complètement isolé, ce gîte donne le ton : murs massifs et toit de lauze, presque pas de fenêtres, terrasses en pierre, prairies et ruisseaux alentours. Aucun luxe mais un confort assuré. Rien ne manque. Tout est là pour se reposer, se déconnecter et apprécier le paysage en toute quiétude.
Dehors, une légère bise masque l’ardeur du soleil. Nous avons tout de même perdu 10° entre la Provence surchauffée et ces hauteurs où l’on respire merveilleusement bien.
Pour s’approvisionner, il faut bien sûr redescendre dans la vallée, à Florac, à une bonne vingtaine de kilomètres. Car ici, sur le plateau, seuls quelques hameaux et bergeries subsistent. Aucun magasin. A peine l’une ou l’autre auberge.
La Cham des Bondons et ses menhirs
Dans le prolongement du causse de Sauveterre, de l’autre côté du col de Montmirat (on y accède par la N106 qui relie Mende à Florac), la Cham des Bondons est un plateau calcaire d’une dizaine de kilomètres carrés. Cham signifie d’ailleurs plateau (ou causse) en occitan. Le Tarn coule quelque 500m plus bas.
Le site fait partie du parc national des Cévennes. Il est réputé pour ses menhirs mais aussi pour une curiosité géologique : deux Puechs (du latin podium, terre élevée) ou mamelons de marnes noires, qui ont résisté à l’érosion et dominent la vallée du Tarn. Selon la légende, ils seraient issus de la boue tombée des sabots de Gargantua.
Le plateau est traversé par la D35 qui se dirige vers Fraissinet-de-Lozère et retrouve, après moultes méandres, le Tarn à Pont-de-Montvert.
Les menhirs de la cham des Bondons
Sur ce plateau balayé par les vents se trouve le deuxième site mégalithique de France. On y compte pas moins de 154 menhirs, (re)découverts dans les années 1940. Bien moins connu que Carnac, ce patrimoine sort petit à petit de l’ombre. Au fil des années, les menhirs ont été redressés. De 80 à 100 menhirs ont ainsi retrouvé la verticale, dont deux spécimens imposants de plus de 4,5m hors sol.
Ces silhouettes interpellent depuis qu’elles ont retrouvé leur place millénaire. D’autant que ces pierres en granit (extraites des pentes du mont Lozère, vraisemblablement à l’est du hameau de Fontpadelle) ont dû être transportées sur une bonne distance, 800m et plus.
Le site de la Cham des Bondons est constitué de cinq grands groupes de menhirs et quelques plus petits. Les regroupements principaux sont ceux de la Fage, de la Baraque de l’Air, de la Colobrières et de la Vaissière.
Contrairement aux alignements de Carnac, les mégalithes de Lozère ne sont pas disposés de manière organisée. Ils se repèrent de loin en loin, seuls, par paires, plus rarement par trois. Parfois sur une butte, mais le plus souvent au milieu d’un champ ou au détour du chemin.
Plusieurs hypothèses s’affrontent quant à leur utilité : balisage des chemins antiques par temps de fortes neiges (et c’est vrai que l’hiver peut être très rude sur ces vastes plateaux), bornes indicatrices d’entrées de mines, jalons d’une « route de l’uranium », etc.
Une chose est sûre, la densité de pierres plantées il y a 4 ou 5000 ans (les avis varient quant à la datation exacte) à la Cham des Bondons démontre la force symbolique et sacrée du lieu. Certains évoquent un culte de la Déesse Mère.
Balades au pays des menhirs
Deux itinéraires de promenade nous ont fait découvrir ces vestiges d’un autre temps. Nous vous recommandons l’un ou l’autre en fonction de votre condition physique. Chaque balade est vraiment fantastique, avec des panoramas à couper le souffle !
Sentier d’interprétation – version courte
Le Parc National des Cévennes propose un sentier d’interprétation facile, d’une longueur de 5.5km et d’une durée de 2h. Le départ se situe sur la RD35 au niveau du parking aménagé, à 4km du col de Montmirail.
Une très agréable promenade sur le plateau et à travers les bois.
Sentier des Bondons – version longue
Un deuxième circuit, le sentier des menhirs ou PR Bondons, part du hameau des Bondons.
Un magnifique parcours de 14km, avec balisage PR jaune. Comptez 4h30 de marche. Prévoyez de l’eau car il y a très peu d’ombre sur ce chemin et les points de ravitaillement sont inexistants.
A voir aux alentours
Séjourner sur la Cham des Bondons ne signifie pas pour autant que vous deviez rester isolé tout la semaine. Si le cœur vous en dit, vous pourrez très facilement partir à la découverte de la Lozère.
Nous avons ainsi traversé le col de Montmirail et poursuivi les petites routes sur le causse de Sauveterre. Nous avons même poussé une pointe jusqu’à Sainte Énimie, petite cité médiévale bien connue des amoureux des gorges du Tarn, que nous avions déjà visitée lors de précédents séjours en Lozère.
En empruntant la D35 en direction de Fraissinet, ne manquez pas le point de vue et la promenade de la cascade des Runes.
Enfin, la petite ville de Florac dans la vallée mérite elle aussi un détour. Pour s’approvisionner bien sûr mais aussi pour le plaisir de parcourir ses charmantes ruelles ombragées ou siroter une boisson à l’une des terrasses qui fleurissent sur les nombreuses places du bourg.
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