Balade romantique aux Jardins d’Annevoie : la magie de l’eau

Les Jardins d’Annevoie au cœur de la Wallonie nous invitent à une promenade romantique, où l’eau jaillit, tour à tour primesautière ou majestueuse, calme ou bouillonnante, toujours surprenante, d’un bout à l’autre du domaine. Je vous invite à me suivre dans un  jardin remarquable aux multiples influences, où l’art se mêle avec bonheur aux murmures de l’eau omniprésente.

Août 2021. L’été s’étire sous un soleil de plomb. Et, comme la plupart des citadins, je rêve d’eau, de fraîcheur et de verdure. Les Jardins d’Annevoie, un joyau du XVIIIe siècle niché dans la province de Namur, à une heure de route de Bruxelles, répondent à tous mes voeux.

Ce jardin, remarquable à bien des égards, s’est notablement agrandi au début de ce siècle, passant de 20 à 48 hectares, avec l’ajout d’un étang, d’une jardin de fleurs, d’un potager et même d’un charmante plaine de jeux pour les tout petits.

Un peu d’histoire

Créés entre 1758 et 1776 par Charles-Alexis de Montpellier, maître de forges du lieu, ces jardins mêlent harmonieusement les influences françaises, italiennes et anglaises, puisées lors de ses nombreux voyages en Europe.

Dix générations de la même famille ont ensuite contribué à l’amélioration et à la conservation des Jardins.

Charles-Alexis de Montpellier fut l’architecte et le créateur des jardins hydrauliques d’Annevoie. Il dessina lui-même et fit exécuter le parc et tout le jeu des eaux. En tant que maître de forges, il avait une connaissance empirique des aménagements de sites hydrauliques et disposait de la main-d’œuvre nécessaire pour réaliser les ouvrages et les nivellements, pour capter et conduire les eaux dans des canalisations métalliques forgées dans ses ateliers.

Dans les années 1930, les Jardins s’ouvrent au public. De 1992 à 2009, le site bénéficie du statut de Patrimoine Exceptionnel de Wallonie.

En 2004, la Région wallonne rachète la propriété. S’en suivent 15 années de gestion désastreuse, tant pour le château que pour les jardins (avec, par exemple l’abattage de 24 tilleuls et d’autres arbres remarquables).  Ce qui explique qu’en 2009, l’ampleur des dégradations patrimoniales est telle que le domaine d’Annevoie est retiré de la liste du Patrimoine exceptionnel de Wallonie.    

Heureusement, en 2017, un médecin belge ayant fait fortune en Suisse, Ernest-Tom Loumaye, se porte acquéreur du domaine. Une fondation est alors créée en vue d’assurer la restauration, la conservation et la mise en valeur du domaine.

Grâce aux travaux effectués depuis lors au niveau du système de canalisations, des berges et des pièces d’eau, le Domaine a obtenu en 2021 le label de Jardin Remarquable, et espère bien à nouveau figurer sur la liste du Patrimoine Exceptionnel lors de sa prochaine mise à jour (en 2024).  

Promenade au fil de l’eau

L’eau est l’âme des Jardins d’Annevoie. L’itinéraire de visite nous entraîne donc logiquement de cascades en jets d’eau, de canaux en pièces d’eau aux formes, styles et longueurs variées.    

Face au château qui a récemment retrouvé sa jolie couleur crème d’origine, le Buffet d’eau, unique en Belgique, alimenté par le Grand Canal que nous découvrirons plus tard, fonctionne de façon ininterrompue depuis sa construction en 1760,  sans l’intervention d’aucune machine.

Après quelques cascades et fontaines aux noms évocateurs (Grand Eventail, Grand Cracheur) …

nous découvrons le château et son miroir d’eau. Des cygnes noirs attirent le regard vers l’extrémité du plan d’eau …

Le château privé ne se visite pas. Le parcours le contourne. Face à l’entrée, la Grande Allée dévoile ses haies taillées au cordeau, ses plates-bandes fleuries. Et au fond, 4 statues représentant les quatre saisons et symbolisant les quatre âges de la vie.

La promenade est d’autant plus agréable que les perspectives changent au fur et à mesure que l’on passe d’une pièce de verdure à l’autre. Ici et là des bancs invitent à la rêverie …

Ce qui frappe dans les jardins d’Annevoie, c’est la diversité des styles. Chaque chambre de verdure révèle une nouvelle ambiance, un nouveau chapitre d’un livre captivant.

Les influences anglaises se manifestent dans les chemins sinueux et les plantations plus naturelles, créant un contraste charmant avec les rigueurs géométriques des allées « à la française » ou des terrasses à l’italienne.

Sources classées et ingénierie hydraulique vertueuse

Ici, dans ces jardins d’eau, la magie opère grâce à un système hydraulique ingénieux et entièrement gravitationnel, conçu avec une précision remarquable pour l’époque.

Quatre sources naturelles, situées en hauteur, alimentent un réseau complexe de canaux et de réservoirs. La gravité fait le reste, orchestrant une symphonie fluide qui donne vie aux fontaines et aux jeux d’eau.

L’écoulement et le renouvellement permanent de l’eau dans les différentes pièces d’eau s’effectuent selon le principe des vases communicants. Chaque pièce d’eau est munie d’une vanne de trop-plein et d’un chenal central de vidange permettant d’éliminer naturellement les dépôts de feuilles et de vase qui se forment au fond des bassins.

Jet puissant ou murmure discret, l’eau joue ici une partition riche et variée où chaque bassin ou cascade offre une nouvelle interprétation de la mélodie des lieux.

Allées, perspectives et potager

En contournant le château, nous découvrons de superbes perspectives, des haies taillées avec amour et précision, des allées parfaitement rectilignes entourant des bassins où se mirent arbres et statues.

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Plus loin, un joli potager, coloré et très bien entretenu intègre, une fois de plus, des œuvres d’art qui se fondent dans le paysage.

Grottes, rochers et allées secrètes

L’itinéraire poursuit ses circonvolutions de points d’eau en allées sinueuses, découvrant à chaque fois des points de vue et des paysages différents. Grottes et passages quasi secrets se succèdent tout au long d’une promenade jamais monotone.

Grand Canal

Surplombant le château, le Grand Canal sert de réservoir aux divers jeux d’eau du Jardin. Alimenté par la source du Fonteny, située de l’autre côté de la vallée du Rouillon.

Aujourd’hui, ce sont surtout les nombreux cygnes et leurs petits qui attirent l’attention des visiteurs …

Au bout du Grand Canal nous poursuivons vers la droite, en direction des prairies où paissent des moutons Soay, les ancêtres de nos moutons européens.

Nous poursuivons le chemin en lisière de forêt qui offre quelques belles ouvertures sur le paysage alentours.

Puis, nous repiquons vers le Jardin des fleurs aménagé en 1952.

À noter que les fleurs étaient beaucoup moins présentes dans les jardins du XVIIIème siècle. C’étaient surtout les parterres de buis, des haies et des massifs taillés pour souligner et sublimer les perspectives créées par les arbres, les statues et autres folies architecturales.

Sur la droite, un étang et au fond, un moulin transformé en gîte pour groupes.

Le parcours se termine là où il a commencé : par la boutique de souvenirs…  et la possibilité de se poser en terrasse pour un dernier regard émerveillé vers ces jardins enchanteurs.

Un patrimoine vivant

Les Jardins d’Annevoie ne sont pas figés dans le passé. Ils sont un patrimoine vivant, heureusement préservé par une Fondation dédiée à leur entretien et à leur promotion. Des événements culturels et artistiques y sont régulièrement organisés. Consultez le site des Jardins d’Annevoie pour en connaître la programmation.

Cet été (2024), ce sont les sculptures monumentales de l’artiste néerlandaise Hanneke Beaumont qui seront mises à l’honneur dans les Jardins. À découvrir du 7 juillet au 30 septembre.

Les jardins d’Annevoie en pratique

Les Jardins sont ouverts de fin mars à mi-novembre, 7 jours sur 7, de 9h30 à 17h30.

• Adresse : Rue des jardins, 37a – 5537 Annevoie – Belgique
• Temps de visite : 1h 30 minimum
• Grand parking gratuit de l’autre côté de la route
• Tarifs : 12 € (adulte), 9€ (étudiant), 8€ enfant (6-18), gratuit en-dessous de 6 ans