Un week-end à Amiens, entre culture et nature.
On ne connaît souvent d’Amiens que sa cathédrale gothique. Pourtant, cette ville des Hauts de France a bien d’autres atouts et vous y passerez à coup sûr un week-end bien rempli ! Il y fait bon flâner le long de la Somme, dans l’adorable quartier Saint Leu ou au fil des rieux des hortillonnages. Le riche passé de la ville se découvre à pied sans se presser, le nez en l’air et les sens en éveil. Conseils pour un visite réussie.
Mai 2018. Cette fois, ça y est. Nous avons programmé un long week-end à la découverte de cette région maintes fois traversée. En effet, depuis bien des années, chaque fois que nous séjournions quelques jours en Normandie ou en baie de Somme, nous passions au large d’Amiens sans jamais prendre le temps de nous y arrêter. Mais pas cette fois !
Amiens, une ville au riche passé
Détruite à 60% lors de la Seconde Guerre mondiale, Amiens a su renaître de ses cendres, même si certains quartiers ont mis du temps à retrouver leur âme d’antan.
Capitale historique de la Picardie, Amiens est, avec ses 135 000 habitants, la deuxième ville de la région après Lille. Surnommée la petite Venise du Nord en raison des nombreux canaux qui traversent le quartier Saint Leu, Amiens est une ville étonnante qui mérite vraiment le détour.
Amiens garde les traces d’un passé riche et tumultueux.
Bienvenue à … Samarobriva
Samarobriva (qui signifie Pont sur la Somme) est le nom de la ville à l’époque gallo-romaine. Citée dans La Guerre des Gaules de Jules César, elle est une étape importante sur la route reliant Lyon à Boulogne-sur-Mer. Mais c’est le nom du peuple gaulois qui habitait la région, les Ambiens, qui finit par se substituer à celui de Samarobriva qui devient donc … Amiens.
L’or bleu d’Amiens au Moyen Âge
Aux XIIe et XIIIe siècles, Amiens développe un important commerce du pastel des teinturiers (extrait d’une plante appelée guède ou waide en picard). Le bleu d’Amiens fait la fortune de la ville et participe au financement des travaux de la cathédrale.
Guerres et paix, les siècles se suivent mais ne se ressemblent pas
Au fil des siècles, les périodes de déclin et d’essor économique se succèdent : Guerre de Cent Ans suivie d’une ère de prospérité des artisans au XVe siècle ; guerres de Religion suivies d’une période faste pendant laquelle Amiens détient le monopole de la fabrication du velours (au XVIIIe et XIXe siècle) ; paix d’Amiens en 1802 ; modernisation de la ville et révolution industrielle au XIXe siècle ; bataille de la Somme en 1916 ; bombardements en 1918 puis en 1940 et 1944 ; reconstruction, stagnation … puis réhabilitation du quartier Saint Leu à partir de 1980.
Amiens a traversé de nombreuses périodes sombres, mais à chaque fois, elle a su se relever et donne aujourd’hui l’image d’une cité dynamique et chaleureuse.
Notre-Dame d’Amiens : la cathédrale de tous les superlatifs
Nous démarrons notre visite par l’édifice majeur de la ville : la cathédrale gothique Notre-Dame. Une pure merveille.
Construite en seulement 70 ans, entre 1220 et 1288, c’est la plus haute et la plus vaste cathédrale de France avec un plafond voûté en pierre de 42,30 mètres de hauteur et un volume intérieur estimé à 200.000 m³ (deux fois plus grande que Notre Dame de Paris).
Contemporaine des cathédrales de Reims, Bourges et Beauvais, elle est considérée comme l’archétype du style gothique classique pour la nef et du gothique rayonnant pour le chœur.
La façade principale
Superbement restaurée en 1999. Un très bel équilibre : trois porches, deux galeries (dont l’imposante galerie des rois), une grande rosace flanquée de deux tours ouvertes sur le ciel et la petite galerie des sonneurs entre les deux tours.
Le portail de gauche est dédié à saint Firmin et celui de droite à la mère de Dieu. La statuaire du portail central, d’une incroyable richesse, est une véritable bible sculptée, avec comme point central le Beau Dieu (Christ au visage noble et serein) entouré par les vierges sages et les vierges folles, les apôtres et les prophètes.
N’oubliez-pas d’aller admirer le Portail Sud, appelé Portail de la Vierge Dorée (fin XIIIe siècle)
Et tout le long des soubassements, d’adorables bas-reliefs en quatre-feuilles
La nef
Deux choses nous frappent en pénétrant à l’intérieur de la nef : la luminosité et la hauteur exceptionnelle des arcades. Grâce à nos audio-guides nous découvrons progressivement la richesse des lieux et nous nous imprégnons de l’histoire de cette construction hors norme.
Le labyrinthe
Pièce maîtresse du pavement, un labyrinthe octogonal de 234 mètres combine deux types de marbre, l’un noir provenant de Tournai et l’autre clair de la carrière de Marquise (Pas-de-Calais). Dessiné et conçu au XIIIe siècle, il a été restauré au XIXe.
Au Moyen Âge, certains pèlerins venus vénérer les reliques de saint Jean-Baptiste, le parcouraient à genoux, à la manière d’un Chemin de Croix. Ils devaient pour cela suivre la ligne noire. C’était une épreuve que devaient subir ceux qui désiraient se sanctifier, ou gagner quelques indulgences ou encore expier des péchés graves qu’ils avaient commis.
Dans la pierre centrale du labyrinthe un texte, inscrit sur une bande de cuivre, résume la fondation de la cathédrale. Au centre, une croix orientée sur les points cardinaux est entourée de 4 personnages : les trois architectes de la cathédrale et l’évêque Évrard de Fouilloy.
Clôture du chœur et hauts-reliefs polychromes
Une imposante clôture entoure et isole le chœur. Elle est remarquable à bien des égards.
Au début du XVIe siècle, le doyen du chapitre Adrien de Hénencourt, opulent mécène commanda au sculpteur Antoine Ancquier une imposante clôture afin d’entourer et d’isoler le chœur. Le but de cette opération était multiple. D’une part, il s’agissait d’isoler le chapitre et leurs stalles du bruit que faisaient les pèlerins défilant autour du chœur dans le déambulatoire, ce qui gênait fortement les chanoines. D’autre part, la clôture devait avoir un aspect pédagogique d’enseignement religieux auprès de ces pèlerins. Enfin il s’agissait aussi d’édifier une structure susceptible de recueillir les tombes d’hommes illustres liés à la cathédrale.
Achevée en 1530, une partie de cette clôture sera détruite au XVIIIe siècle. Il n’en reste plus aujourd’hui que deux portions situées au niveau des dossiers des stalles.
- La clôture méridionale raconte l’histoire de saint Firmin à travers plusieurs hauts-reliefs polychromes d’une finesse remarquable. En-dessous se trouvent les tombeaux d’Adrien de Hénencourt et de Ferry de Beauvoir
- La clôture septentrionale, de même structure, ne contient aucun tombeau. L’ensemble des niches retrace les épisodes de la vie et de la mort de saint Jean-Baptiste.
Impossible de passer en revue toutes les richesses de la cathédrale … ce n’est d’ailleurs pas le propos de cet article. Je partage simplement quelques détails qui m’ont frappée …
Et pour profiter vraiment de votre visite et ne rater aucun des joyaux de cette cathédrale, je vous recommande de passer par l’Office du Tourisme situé tout à côté pour y louer un audioguide.
Bon à savoir : du 15 juin au 20 septembre, le spectacle « Chroma » est une expérience immersive haute en couleurs. Du bleu des marchands waidiers du Moyen-Âge aux polychromies originelles de la statuaire, vous verrez la cathédrale d’une tout autre façon.
Visite de la cathédrale | Infos pratiques
🕑 Horaires : 9h -17h hors cérémonies religieuses 💰 Tarif : gratuit – visite des tours : 8€/adulte. 💻 Site internet : Cathédrale d’Amiens |
Amiens, au détour des rues
Après notre visite de la cathédrale, nous partons à la découverte de la ville, le nez en l’air, admirant au passage quelques unes de ses pépites architecturales.
En étudiant d’un peu plus près l’histoire de ces bâtiments, on se rend compte qu’elle fut fort mouvementée et qu’il a fallu pas mal d’opiniâtreté pour parvenir à les faire vivre jusqu’à ce jour !
- La maison du Pèlerin – maison à pan de bois et torchis située sur le parvis face à la cathédrale. Elle rappelle l’habitat du Moyen-Âge mais fut construite au début du XXe siècle.
- Le beffroi – sur la Place au Fil – érigé pour la première fois vers 1117, reconstruit au 15ème siècle. Ravagé par deux incendies en 1562 et en 1742 puis réhabilité. Endommagé par les bombardements en 1940, ce n’est qu’en 1989 qu’il a été restauré.
- Le Logis du Roi – construit en 1520 par le receveur général des finances de Picardie. Plusieurs personnalités y ont séjourné, dont Louis XIII et Richelieu.
- La Maison du Sagittaire – construite par un drapier, Jean Bulter, en 1593. Ravagée par les bombardements en 1940. Sa façade a été démontée pierre par pierre et reconstruite près du Logis du Roi.
- L’horloge Dewailly et la Marie-sans-Chemise – à l’angle de la rue des Sergents et de la rue des Crignons une belle horloge de style rococo surmonte l’œuvre du sculpteur amiénois Albert Roze (1897).
- La Tour Perret – Vous ne pourrez pas la louper ! Symbole de la reconstruction d’Amiens après la deuxième guerre mondiale, cette tour résidentielle de 110 m de haut est l’un des points de repères de la ville. Plutôt austère en journée, elle prend vie la nuit grâce à un système d’éclairage LCD ajouté en 2005.
La maison Jules Verne
Jules Verne a séjourné pendant près de 20 ans à Amiens, de 1882 à 1900. Il écrivit une partie de son oeuvre dans la Maison de la Tour.
Remplie d’objets personnels, de souvenirs et d’archives de ses écrits, la visite est un must pour les fans de cet écrivain visionnaire ! C’est l’occasion d’une plongée dans nos souvenirs et lectures d’enfance. Tant de voyages extraordinaires qui ont titillé notre imagination …
Une visite audio guidée permet de mieux connaître la vie de l’écrivain à Amiens.
Visite de la maison de Jules Verne | Infos pratiques
🏠 Adresse : 2 rue Charles Dubois, 80000 Amiens 🕑 Horaires : tous les jours sauf le mardi 10h-12h30 et 14h – 18h (le week-end fermé le matin) 💰 Tarif : 7,50€ / adulte et 4€ / enfant. Audioguide 2€. 💻 Site internet : Maison de Jules Verne |
Il est temps à présent de rejoindre la Somme et le quartier le plus pittoresque d’Amiens.
Le quartier Saint Leu
Situé entre la cathédrale et la Somme, le quartier Saint Leu est le cœur de la vieille ville. Un quartier bâti sur l’eau au Moyen-Âge.
Laissé à l’abandon après la seconde guerre mondiale, le quartier doit son actuel dynamisme à un grand projet de réhabilitation démarré dans les années 1980 : implantation des universités au cœur du quartier, création de logements sociaux, reconstruction de petites maisons colorées respectant l’architecture traditionnelle, quais fleuris,etc.
Qu’il est agréable de flâner dans ce quartier en s’imaginant la vie des artisans qui y habitaient au Moyen-Âge. C’était sans doute moins pimpant mais certainement encore plus animé.
Bon à savoir : le quartier comptait jadis 25 moulins et abritait quelques 15 000 artisans.
La force hydraulique de la Somme, son débit lent et son eau douce furent de tout temps utilisées par toutes sortes d’artisans : céréaliers, drapiers, armuriers, waidiers … mais aussi teinturiers, tanneurs, corroyeurs, pelletiers, bouchers, poissonniers …
Aujourd’hui, le quartier a retrouvé une âme. Brocanteurs, bouquinistes, artisans et galéristes ont investi les lieux. Les autochtones, surtout les jeunes, aiment se retrouver dans les nombreux bars et cafés.
N’hésitez pas à vous perdre dans les petites rues, à emprunter les passerelles, à explorer les impasses …
Et le long de la Somme, sur le quai Bélu restaurants et terrasses attendent les touristes.
Bon à savoir !
Le troisième dimanche de juin, marché traditionnel sur les quais de Saint-Leu : les hortillons viennent y vendre fleurs et légumes dans leurs « barques à cornet ».
Amiens, côté nature
Après toutes ces vieilles pierres, il est temps de passer à la partie nature de notre escapade ! Cela tombe bien, au quartier Saint Leu … nous sommes juste à côté du poumon vert de la ville.
Parc Saint Pierre
Depuis 1993 un parc paysager a remplacé la zone semi-sauvage qui entourait l’étang Saint-Pierre. Une passerelle piétonne enjambe la Somme pour relier le quartier Saint Leu à ce magnifique parc de 22 ha aux nombreux plans d’eau.
Les hortillonnages
Du Parc Saint-Pierre, une autre passerelle mène directement à l’embarcadère pour la visite en barque des hortillonnages : 30 ha de marais convertis en jardins et en champs de culture maraîchère.
Sillonnés par 65 km de rieux (petits canaux navigables), les hortillonnages se visitent de préférence au fil de l’eau mais ils se prêtent aussi à une balade à pied, voire à vélo (le long du chemin de halage).
Pour en savoir plus : Découverte à fleur d’eau des hortillonnages d’Amiens
Une magnifique balade à ne surtout pas manquer.
Visite guidée en barque | Infos pratiques
🏠 Adresse : 54 Boulevard de Beauvillé, 80000 Amiens 🕑 Horaires : tous les jours du 1er avril au 31 octobre de 9h à 12h et de 13h30 à 18h 💰 Tarif : 5,90€ / adulte, 5,20€ / ados 11-16 ans et 4,10€ / enfants 4 – 10 ans 💻 Site internet : Les Hortillonnages d’Amiens |
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